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Parc Beacon Hill 1909

Emily Carr, Parc Beacon Hill, 1909

Emily Carr, Beacon Hill Park (Parc Beacon Hill), 1909

Aquarelle sur papier, 35,2 x 51,9 cm

Art Gallery of Greater Victoria

Art Canada Institute, Emily Carr, Sunshine and Tumult, 1938–39
Emily Carr, Soleil et tumulte, 1938-1939, huile sur papier, 87 x 57,1 cm, Art Gallery of Hamilton.

Peinte un an avant les voyages de Carr en France, Parc Beacon Hill aurait plu aux représentants de la classe moyenne de Victoria : cette aquarelle est exécutée dans la pure tradition picturale anglaise du dix-neuvième siècle, par sa composition équilibrée, ses touches de perspective aérienne et sa palette neutre. L’œuvre représente le parc, l’un des plus beaux de la ville, en bordure duquel se trouve la maison natale de l’artiste. Comme Carr l’écrira plus tard dans The Book of Small (1942), le parc Beacon Hill est

 

[…] une belle parcelle de terre sauvage offerte aux habitants de Victoria par Sir James Douglas. La colline elle-même était herbeuse, avec ici et là de petits bosquets de chênes et des touffes de genêts. Au-delà de la colline, le terrain était très boisé. Quand on montait au sommet de Beacon Hill et que l’on regardait autour de soi, on se rendait compte que la géographie de l’école était finalement juste et que le monde était vraiment rond. Beacon Hill semblait en être le sommet entier et, de tous les côtés, la terre s’éloignait de vous et les bords se perdaient. À l’ouest s’étendaient les collines violettes de Sooke; au sud se trouvait le détroit de Juan de Fuca, bordé par les montagnes Olympiques enneigées, dont les sommets jouaient sans cesse avec les nuages jusqu’à ce que l’on ne puisse plus les distinguer du ciel. À l’est, il y avait encore plus de mer et d’îles. La ville se trouvait au nord avec, derrière elle, le violet Cedar Hill et le verdoyant mont Tolmie. Nos vents soufflaient des montagnes Olympiques en été et du nord glaciaire en hiver.

 

En voyant cette scène pastorale raffinée, personne n’aurait pu imaginer les qualités radicales qui caractériseront le style de maturité de Carr dans les années 1930. D’aspect conservateur, Parc Beacon Hill se démarque nettement des œuvres qui feront la renommée de Carr plus tard, comme Soleil et tumulte, 1938-1939, et montre clairement l’ampleur de sa progression vers un langage visuel inédit pour les peintres de la Côte Ouest du Canada. Dans les décennies qui suivent la réalisation du Parc Beacon Hill, l’artiste choisit d’autres sujets et modifie la composition de ses tableaux, leur traitement et sa palette, créant un système pictural que nous associons dorénavant à l’Ouest du pays.