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Souches et rebuts 1939

Emily Carr, Souches et rebuts, 1939

Emily Carr, Odds and Ends (Souches et rebuts), 1939

Huile sur toile, 67,4 x 109,5 cm

Art Gallery of Greater Victoria

Art Canada Institute, Emily Carr, Logging was one of British Columbia’s largest industries
L’exploitation forestière est l’une des principales industries de la Colombie-Britannique. La coupe à blanc entraîne la déforestation, la pollution et la dégradation des terres ancestrales des Premières Nations.
Art Canada Institute, Emily Carr, Scorned as Timber, Beloved of the Sky, 1935
Emily Carr, Rejeté par les bûcherons mais aimé du ciel, 1935, huile sur toile, 112 x 68,9 cm, Vancouver Art Gallery.

Dans les dix dernières années de sa carrière, Carr manifeste en peinture sa conscience des enjeux écologiques de l’époque. Dans Souches et rebuts, le terrain défriché et les souches détournent l’attention portée sur les merveilleux paysages forestiers, attirant les touristes européens et américains sur la côte Ouest, pour révéler plutôt l’impact de la déforestation.

 

L’inquiétude de Carr concernant les conséquences de l’industrialisation toute-puissante sur l’environnement — si visibles dans les régions à proximité de la capitale de la Colombie-Britannique — se conjugue à ses préoccupations pour les peuples autochtones qui subissent les mêmes assauts. Les conséquences de l’exploitation des forêts à l’échelle industrielle, qui a débuté en Colombie-Britannique dans les années 1860, sont désormais perceptibles. Les tableaux de cette période, qui ont pour thème le paysage menacé lui-même, révèlent l’anxiété de Carr à cet égard.

 

Souches et rebuts fait partie d’une série d’œuvres qui s’ouvre avec Rejeté par les bûcherons mais aimé du ciel et Rebuts de bûcherons, toutes deux de 1935. Carr observe par écrit, en 1934 : 

 

Ces sujets sont les souches, les pins et l’espace. Ils sont difficile à exprimer, mais j’ai le sentiment que si l’on voit la chose assez clairement, l’expression suivra. Il s’agit d’être capable d’appréhender les choses, de savoir ce que nous essayons d’atteindre, de savoir ce que nous voyons. Nous sommes beaucoup à ouvrir les yeux de la chair, mais à ferme les yeux de l’âme. Il y a une arête déchiquetée et éclatée à travers les souches que j’appelle les « crieurs ». Ce sont les derniers fragments, ceux qui ne sont pas sciés, le cri du cœur lancé par l’arbre, dans un mouvement violent de torsion et de déchirement, juste avant qu’il oscille et tombe dans un horrible gémissement, cette pause atroce pendant que ses bourreaux reculent d’un pas, la scie et la hache à la main, pour observer. C’est un spectacle horrible que de voir un arbre abattu, même aujourd’hui, même si les souches sont grises et pourrissantes. En circulant au milieu d’elles, on aperçoit les crieurs qui dépassent de leurs propres tombes, pour ainsi dire. Ils sont leurs propres pierres tombales et leur propre cortège funèbre.

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