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Grand Corbeau 1931

Emily Carr, Grand Corbeau, 1931

Emily Carr, Big Raven (Grand Corbeau), 1931

Huile sur toile, 87 x 114 cm

Vancouver Art Gallery

Dans le tableau Grand Corbeau, des vagues de végétation dense et des colonnes lumineuses descendant du ciel mettent en évidence l’oiseau solitaire et créent une atmosphère nostalgique qui reflète une autre étape de l’approche de Carr à l’endroit des thèmes reliés aux Premières Nations. Traditionnellement intégré dans le quotidien du village, le corbeau a été reconquis par la forêt. L’impression de masse est un élément du nouveau langage pictural développé par Carr et met en relief la menace qui pèse sur le mode de vie autochtone : le corbeau est situé à l’extérieur du cadre dynamique du village.

 

Art Canada Institute, Emily Carr, Cumshewa, 1912
 Emily Carr, Cumshewa, 1912, aquarelle et mine de plomb sur papier monté sur carton, 52 x 75,5 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.
Art Canada Institute, Emily Carr, Big Eagle, Skidigate, B.C., 1929
Emily Carr, Grand Aigle, Skidigate, C.-B., 1929, aquarelle sur papier, 76,2 x 56,7 cm, Art Gallery of Greater Victoria.

Après avoir constaté, en 1927, l’audace des artistes du Groupe des Sept qui participent avec elle à l’exposition Canadian West Coast Art: Native and Modern à la Galerie nationale du Canada (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada), Carr est portée à insuffler à son œuvre une puissance, une émotion et une spiritualité semblables. En 1912, elle avait déjà abordé dans Cumshewa le thème de Grand Corbeau. Au début des années 1930, par contre, Carr change son orientation sur les plans de la composition, de la couleur et du style. Comme on le constate en comparant Grand Corbeau et Cumshewa, elle recadre et peint des mâts totémiques et des figures individuelles. Elle modèle les formes de façon sculpturale pour en faire percevoir la densité.

 

Deux autres tableaux de cette période — Mât totémique au grizzly, Angidah, rivière Nass, v. 1930 et le remarquable Grand Aigle, Skidigate, C.-B., de 1929 — témoignent de l’ampleur de la transformation de son style. Dans Mât totémique au grizzly, Carr intègre complètement sa palette « française » au paysage de sa province : les tonalités profondes sont enrichies et pénétrées de couleur; les balafres rouges invitent le spectateur à une relecture provocante du sujet dont le cadrage serré amplifie la puissance totémique. Pour sa part, le Grand Aigle sculpté est emprisonné par un paysage cubiste fracturé, où la composition classique figure-fond est supplantée par la tridimensionnalité qui irradie de la sculpture vers le ciel. Dans leur exploration balbutiante de l’abstraction, ces trois œuvres témoignent de l’influence de Lawren Harris (1885-1970) et des autres membres du Groupe des Sept, et de Mark Tobey (1890-1976), un fondateur de la Northwest School des États-Unis.

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