Dans cette image saisissante, l’artiste de Kinngait (Cape Dorset) Pitseolak Ashoona (v.1904-1983) trouve un équilibre entre le monde des choses et celui des esprits. La figure de la femme du chaman se tourne audacieusement vers le spectateur, projetant une puissante aura de mystère; pourtant, le dessin renferme une foule de détails sur les vêtements et les tatouages traditionnels qu’elle arbore au visage.

 

En 1980, les graveurs de Cape Dorset maîtrisent déjà les techniques de la gravure sur pierre, pouvant ainsi saisir toute l’énergie des traits de crayon de Pitseolak. Le contour linéaire de l’estampe, dont le rendu n’est pas tâche facile, est fidèle au dessin d’origine. Même la texture des vêtements en peau de phoque et les motifs des tatouages faciaux semblent vivants, reflétant la manière dont Pitseolak aime traduire le mouvement dans son art.

 

Pitseolak Ashoona, La femme du chaman, 1980
Gravure sur pierre sur papier vélin, 71 x 50,5 cm
Collection annuelle d’estampes de Cape Dorset, 1980

La femme est assise en position de méditation, avec les bras glissés dans ses manches et les jambes croisées. La bouche légèrement tordue et ses yeux tournés vers le haut pourraient suggérer qu’elle est en transe. Sur sa tête se trouve un oiseau — un élément récurrent dans l’œuvre de Pitseolak —, lequel représente sans doute ici l’auxiliaire spirituel du chaman. Selon une croyance traditionnelle, lorsqu’un chaman est en transe, il possède le pouvoir de voir par les yeux de son auxiliaire spirituel et donc d’aider les chasseurs à trouver du gibier.

 

Cette rubrique en vedette est tirée de l’ouvrage Pitseolak Ashoona : sa vie et son œuvre écrit par Christine Lalonde.

 

Autres « en vedette »

Télécharger Télécharger