Dans ce photomontage en noir et blanc, une cabine téléphonique, semblable à celles qui ponctuaient les villes nord-américaines dans les années 1970, est remplie de gros blocs de pierre. Françoise Sullivan (née en 1923) a eu l’inspiration pour cette œuvre dans un rêve fait en 1973, qu’elle a noté dans un de ses carnets. Dans ce rêve, une femme marche et court à l’extérieur d’une maison, essayant d’y entrer. Elle se hisse vers les fenêtres mais elles sont trop hautes ou bloquées. Elle tente d’ouvrir les portes, mais aucune des clés qu’elle a à la main n’entre dans les serrures. Et pourtant, sans relâche, elle poursuit ses tentatives, car elle sait que cette maison est la sienne.

 

Françoise Sullivan, Blocked Phone Booth (Cabine téléphonique bloquée)
Françoise Sullivan, Cabine téléphonique bloquée, 1978-1979
Tirage argentique et collage, 50,8 x 33 cm, collection de l’artiste

À plusieurs reprises, Sullivan travaille autour de cette idée d’une maison bloquée, avec des variations et dans différents médias. De 1976 à 1979, elle crée une série de photomontages tirés d’images qu’elle a prises de maisons et d’autres structures. Cabine téléphonique bloquée appartient à cette série. L’artiste a porté son choix sur la cabine, car ses murs et sa porte sont faits de verre, et peuvent donc révéler avec clarté les pierres qui la remplissent, suggérant l’impossibilité de communiquer.

 

Autour de la même idée, Sullivan développe des approches performatives en 1977-1978. Des maisons abandonnées qu’elle rencontre pendant ses voyages en Europe, elle remplit laborieusement les portes et les fenêtres de roches de diverses tailles jusqu’à ce que les ouvertures soient complètement bloquées pour ensuite entreprendre de les dégager.

 

Cette rubrique en vedette est extraite de Françoise Sullivan : sa vie et son œuvre par Annie Gérin.

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