Considéré comme le père de l’art moderne canadien, le peintre d’origine écossaise William Brymner (1855-1925) était un voyageur enthousiaste reconnu pour ses paysages dépeignant des lieux du Canada et de l’Europe. Son œuvre d’une simplicité trompeuse, Une gerbe de fleurs, 1884, représente des jeunes filles assises sur une colline qui fabriquent une couronne de fleurs. Créée lors de la visite de Brymner à Runswick Bay, dans le Yorkshire, de mai à novembre 1884 (il a travaillé sur cette peinture périodiquement tout au long de sa visite, la terminant peu avant de quitter le village), cette œuvre est un succès critique et un tournant dans sa jeune carrière d’artiste. À l’époque, il la décrit comme son magnum opus; aujourd’hui, beaucoup la considère comme son tableau le plus connu.

 

William Brymner, A Wreath of Flowers (Une gerbe de fleurs), 1884
Huile sur toile, 122,5 x 142,7 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

La composition de Une gerbe de fleurs est à la fois complexe et surprenante. La coupe diagonale du paysage est spectaculaire et le flanc de la colline est gorgé de fleurs sauvages, de rochers et de touffes d’herbes. Les silhouettes des fillettes sont nettes et claires, mais certaines parties du paysage sont floues, presqu’à moitié effacées. Les couleurs créent des échos et un équilibre dans toute la scène; le ciel bleu et la blouse aux nuances grises de la petite fille au centre du groupe imprègnent l’œuvre d’une impression générale de calme — même le bonnet rose de la gamine de droite et le tablier de la même couleur de celle de gauche tirent sur le gris. Sur le plan stylistique, cette toile est typique de l’œuvre de Brymner en ce sens qu’elle se refuse à toute étiquette précise. Les figures délicatement modelées témoignent de l’influence de la formation académique française sur l’artiste canadien tandis que la scène, campée à l’extérieur, reflète son attachement envers la peinture de plein air, une pratique dont il connaît l’importance pour de nombreux artistes français modernes. En rassemblant ces différentes stratégies artistiques, le peintre révèle l’importance qu’il accorde à l’innovation et son refus de se confiner à un style en particulier.

 

En 1886, Brymner devient membre à part entière de l’Académie royale des arts du Canada (ARC). À l’époque, chaque nouveau membre doit donner l’une de ses œuvres en guise de « morceau de réception » à l’occasion de son élection; William Brymner fait ainsi don de Une gerbe de fleurs.

 

Cette rubrique en vedette est tirée de l’ouvrage William Brymner : sa vie et son œuvre écrit par Jocelyn Anderson.

 

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