Chambre à rêves est probablement la plus importante sculpture de la période des charnières (1972-1979) de l’artiste canadien d’origine roumaine Sorel Etrog. À l’instar d’autres exemples de ce moment créatif, où le mécanisme structurel est utilisé pour lier différents éléments, la sculpture incarne l’idée existentielle de la représentation du mouvement dans une œuvre qui ne peut pas bouger.

 

Sorel Etrog, Dream Chamber (Chambre à rêves), 1976
3 exemplaires, bronze, 157,5 cm (hauteur)
MacLaren Art Centre, Barrie, Ontario

La sculpture de bronze – prêtée au premier ministre Pierre Elliott Trudeau en 1983 et exposée, jusqu’à l’été 2017, dans le jardin de la résidence officielle du premier ministre du Canada au 24, promenade Sussex – est un globe dont la surface est composée de plusieurs portes à charnières qui attendent d’être ouvertes. Ceci est évidemment impossible puisque la sphère ronde de Chambre à rêves est verrouillée en permanence, ses charnières fermées à jamais. La forme et le nom de la sculpture suggèrent l’existence d’un univers intérieur à jamais inaccessible au spectateur.

 

Etrog place Chambre à rêves dans la série qu’il appelle Introverts (Introverties), « une référence ironique à leurs formes fermées ». Du point de vue de l’artiste, ces sculptures comportent des « chambres intérieures [qui] ont une existence mystérieuse, où les souvenirs et les images tirés des rêves sont entreposés ». Il décrit ensuite comment, dans ce corpus d’œuvres, « les charnières ne font que suggérer la possibilité que le monde intérieur ambigu puisse être ouvert et révélé ». Pour Etrog, il était nécessaire que certaines portes restent fermées.

 

Cette rubrique en vedette est tirée de l’ouvrage Sorel Etrog : sa vie et son œuvre écrit par Alma Mikulinsky.

 

 

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