En 1971, l’artiste conceptuelle Françoise Sullivan (née en 1923) vit à Rome avec ses quatre fils et visite souvent les musées alors que les enfants sont à l’école. Un jour, à la Galleria Nazionale, elle voit une des nombreuses peintures de Lorenzo Lotto (1480-1556) intitulées Portrait de jeune homme. Dans celle-ci, un jeune homme observe directement le spectateur, ses longs cheveux sur les épaules encadrent son visage. Sullivan est émue devant cette peinture, même si dans l’immédiat, elle ne sait pas trop pourquoi. À la boutique de cadeaux du musée, elle trouve une carte postale de la peinture et l’achète.

 

Françoise Sullivan, Portraits de personnes qui se ressemblent, 1971

Françoise Sullivan, Portraits de personnes qui se ressemblent, 1971 (tirage 2003)
Deux tirages numériques en noir et blanc montés sur panneaux de bois, chaque tirage : 152,4 x 101,6 cm, collection de l’artiste

Quand ses fils rentrent de l’école ce même jour, Francis, le plus jeune, montre à sa mère son portrait photo pris à l’école. Sullivan est alors frappée par la ressemblance entre son fils et le jeune sujet de la peinture de Lotto, malgré les quelque quatre cents ans qui les séparent. Comme chez Lotto, Francis confronte aussi le spectateur d’un regard fixe et calme et il porte aussi ses cheveux aux épaules, sa frange couvrant son front, comme de nombreux jeunes garçons canadiens des années 1970.

 

L’œuvre qui en a résulté juxtapose les deux images que Sullivan a rencontrées ce jour-là, collées sur un panneau de carton rectangulaire. L’idée en était simple, reprenant la tradition du ready-made. Mais elle considère aussi que l’idée est puissante car elle permet d’illustrer de manière concise et pointue la récurrence des images, des styles et des idées au fil du temps.

 

Cette rubrique en vedette est extraite de Françoise Sullivan : sa vie et son œuvre par Annie Gérin.

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