Lady Henrietta Martha Hamilton (1781-1857) était une artiste amateur et une portraitiste anglaise ayant vécu à Terre-Neuve avec son mari, Sir Charles Hamilton, pendant que celui-ci assumait le mandat de gouverneur de la colonie, de 1818 à 1823. Hamilton est surtout connue pour son portrait de Demasduit, la seule représentation connue d’une personne béothuque d’après nature. Les Béothuks étaient des habitants autochtones de l’île de Terre-Neuve qui ont souffert de la famine, de la maladie et de la violence après l’arrivée des colons européens au début du seizième siècle. Trois siècles plus tard, au début du dix-neuvième siècle, la population béothuque avait considérablement diminué.

 

Lady Henrietta Martha Hamilton, Demasduit, 1819
Aquarelle sur ivoire, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa (R5293-0-4-E)

Le portrait en miniature qu’Hamilton a composé de Demasduit, telle une figure jeune et pudique, ne semble porter aucune trace des terribles événements qui ont conduit à leur rencontre à St. John’s à la fin du printemps 1819. Plus tôt en mars, le gouverneur avait autorisé un groupe de trappeurs anglais à rechercher des objets volés chez les Béothuks du lac Red Indian. Au cours d’une altercation entre les deux partis rivaux, Demasduit a été capturée et son mari, Nonosbawsut, a été tué. Dans l’espoir d’une récompense, les trappeurs l’ont amenée à Government House à St. John’s, où le gouverneur a immédiatement ordonné qu’elle soit renvoyée chez elle.

 

Hamilton a peint ce portrait de Demasduit pendant l’organisation de son voyage. Comme le note l’historienne de l’art Kristina Huneault dans son livre I’m Not Myself at All: Women, Art, and Subjectivity in Canada (2018), Hamilton applique la peinture en de constants et brefs coups de pinceau sur l’ensemble de la composition, ce qui produit un effet d’aplatissement. Ce caractère bidimensionnel de Demasduit de même que son expression placide dissimulent son histoire et sa personnalité. Cependant, en tant que seule représentation existante d’une personne béothuque créée à partir d’une observation directe, ce portrait donne un rare aperçu des relations coloniales entre les Béothuks et les colons au début du dix-neuvième siècle. Demasduit est décédée de la tuberculose seulement un an après la création de ce portrait.

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