Née à Hamilton (Ontario), Margaret Watkins (1884-1969) fait figure de pionnière rebelle qui a changé la face de la photographie au début du XXe siècle. Jusqu’à récemment engloutis dans la trame de l’histoire, les détails de sa vie fascinante et de sa pratique révolutionnaire ressurgissent. Comme le révèle Mary O’Connor dans Margaret Watkins : sa vie et son œuvre, l’artiste a mené une brillante carrière qui lui a valu les honneurs pour son art et qui a été source d’inspiration pour une génération de photographes d’Amérique du Nord. Watkins a étudié et enseigné avec un des membres initiaux du mouvement Photo-Secession, Clarence H. White (1871-1925), avant de devenir l’une des premières femmes à être engagée comme photographe par une importante agence de publicité, de même qu’une artiste à grande visibilité, dont l’œuvre a été largement publiée et exposée.
Bien que Watkins rencontre un vif succès à New York, en 1928, au sommet de sa carrière, elle s’établit à Glasgow, en Écosse, pour s’occuper de parents malades. C’est là que sa pratique s’arrête, et pendant des décennies, elle se retire dans l’ombre, gardant le silence sur ses réalisations. C’est grâce au voisin et ami de Watkins, Joseph Mulholland, qui a hérité des archives soigneusement conservées de son œuvre saisissante, que sa contribution majeure est aujourd’hui connue.
Dans Margaret Watkins : sa vie et son œuvre, Mary O’Connor se penche sur l’incroyable biographie et l’héritage de son sujet. Cet ouvrage met en lumière le talent spectaculaire d’une femme qui s’inquiétait d’être « domestiquée jusqu’à la mort », ce à quoi elle a répondu par une collection de natures mortes magistralement composées, grâce auxquelles elle a forgé une carrière singulière dans l’histoire de la photographie.
Mary O’Connor est professeure émérite au Département d’anglais et d’études culturelles de l’Université McMaster. Spécialiste interdisciplinaire du modernisme (1890-1939), de l’écriture des femmes, de la santé et du genre, elle est particulièrement fascinée par les expressions sociales et culturelles de la vie quotidienne. Ses recherches sur les femmes et les objets quotidiens l’ont amenée à découvrir les saisissantes photographies de Margaret Watkins. En tandem avec Katherine Tweedie, elle a écrit Seduced by Modernity: The Photography of Margaret Watkins (2007) et créé le court-métrage Archive Traces: Margaret Watkins Photographer (2022).