Dans cette œuvre, Prudence Heward (1896–1947) représente des femmes dans un espace public; elles ne sont pas accompagnées d’hommes, ce qui reflète l’indépendance croissante des femmes dans les années 1920. Ici, deux jeunes spectatrices vues de dos et assises côte à côte attendent le début du spectacle. Cette représentation de deux jeunes femmes dans un lieu public évoque Dans la loge, 1879, de l’artiste états-unienne Mary Cassatt (1844-1926), œuvre avec laquelle Heward aurait été familière. Le théâtre est souvent décrit comme un espace que les hommes et les femmes fréquentent pour voir et être vus, une dynamique que l’historien Tony Bennett, dans un article écrit en 1998, nomme le « complexe d’exposition ». Les femmes du tableau de Heward regardent de façon active, tout en étant l’objet du regard de l’observateur qui a une vue imprenable de leur cou, de leur dos et de leurs bras dénudés.

 

Prudence Heward, At the Theatre, 1928
Prudence Heward, At the Theatre (Au théâtre), 1928
Huile sur toile, 101,6 x 101,6 cm, Musée des beaux-arts de Montréal

Dans un article sur l’artiste paru en 1930 dans le Regina Leader, il est écrit qu’Au théâtre témoigne d’« un progrès considérable [de Heward] par rapport à son tableau primé de l’an dernier », soit Femme sur une colline, 1928. Selon l’historienne de l’art Barbara Meadowcroft, les modèles qui posent pour Au théâtre sont Marion et Elizabeth Robertson, sœurs de l’artiste Sarah Robertson qui fait partie du Groupe de Beaver Hall. Même si Prudence Heward n’en fait pas officiellement partie, elle est l’amie de plusieurs membres du Groupe et expose parfois à leurs côtés.

 

Cette rubrique en vedette est extraite de Prudence Heward : sa vie et son œuvre par Julia Skelly.

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