Le moment décisif du début de la carrière du photographe montréalais William Notman (1826-1891 est la commande qu’il obtient de la Compagnie du Grand Tronc en 1858 de documenter en photo, pendant deux ans, la construction du pont Victoria. Ce pont couvert (le plus long du monde à l’époque) allait enfin relier Québec par rail aux villes maritimes de la côte Est, soit Boston et New York. Durant sa construction, il est souvent qualifié de huitième merveille du monde. Le projet est une entreprise gigantesque qui exige d’immenses travaux de construction sous le fleuve Saint-Laurent gelé, avant que la travée du pont et ses rails couverts puissent être construits. Notman photographie chaque étape. Il a dû avoir de l’aide pour déplacer l’équipement le plus lourd, mais il travaille surtout seul durant l’hiver, installé en hauteur ou en équilibre sur le pont pour trouver les meilleurs angles.

 

William Notman, Vue de l’intérieur de la structure du tube et échafaudage, pont Victoria, Montréal, 1859

William Notman, Vue de l’intérieur de la structure du tube et échafaudage, pont Victoria, Montréal, 1859
Sels d’argent sur papier monté sur carton, papier albuminé, 23 x 28 cm, Musée McCord, Montréal

Le cadrage de cette photographie la rend presque radicale. Notman a zoomé sur le tunnel et nous place au centre des voies ferrées. S’il est impossible de voir au loin, on voit assez loin pour avoir une idée de l’échelle, de la vitesse et du pouvoir que cette structure facilitera bientôt. Cette image n’a rien de romantique. Son sujet commande une esthétique moderne, industrielle, à laquelle Notman se plie. Les ombres hachurées sur les poutres latérales évoquent le monde naturel où repose cette énorme construction industrielle.

 

Cette rubrique en vedette est extraite de William Notman : sa vie et son œuvre par Sarah Parsons.

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