L’artiste haïda Iljuwas Bill Reid (1920-1998) est, à la fin du XXe siècle, l’une des figures les plus importantes de l’art de la côte du Nord-Ouest. Il crée le Boîtier aigle et ours pour le présenter dans le pavillon canadien d’Expo 67 à Montréal. L’œuvre, l’une des premières boîtes en or confectionnée par Reid, est exemplaires des lignes figuratives traditionnelles gravées par les Haïdas en même temps qu’elle exhibe le visage d’un ours en bas-relief. Sur le couvercle, un aigle déploie ses ailes.

 

 

Bill Reid, Eagle and Bear Box (Boîtier aigle et ours), 1967
Or 22 ct, 10,2 x 11 x 13,3 cm, Musée d’anthropologie de l’Université de la Colombie-Britannique, Vancouver

Reid compte parmi la dizaine d’artistes autochtones qui a été chargée d’exposer au pavillon des Indiens du Canada. Parmi ses collaborateurs figurent entre autres Alex Janvier (né en 1935), Carl Ray (1943-1978) et Norval Morrisseau (1931-2007). Reid refuse toutefois la commande, car le comité consultatif du pavillon lui demande de sculpter un mât générique, mais un tel mât n’existe tout simplement pas. Il affirme : « Si vous embauchez un sculpteur haïda, vous aurez un mât haïda. Si vous embauchez un sculpteur kwakuitl, vous aurez un mât kwakuitl. […] Si vous voulez un mât bâtard […], tirez vos propres conclusions. »

 

Reid a compris la responsabilité cruciale qu’impliquent la présentation et la manipulation d’œuvres d’art ayant une signification culturelle et spirituelle, ainsi que le problème de regrouper sans discernement tous les peuples autochtones. Au lieu de sculpter un mât pour le pavillon des Indiens du Canada, Reid crée le Boîtier aigle et ours qu’il destine au pavillon canadien, un espace d’exposition conçu pour représenter la diversité complexe du Canada sous un angle inédit.

 

Cette rubrique en vedette est tirée de l’ouvrage Iljuwas Bill Reid : sa vie et son œuvre écrit par Gerald McMaster.

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