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Annie Pootoogook

Annie Pootoogook

Annie Pootoogook, Cape Dorset Freezer (Congélateur de Cape Dorset), 2005
Crayon de couleur, stylo à bille métallique noir et mine de plomb sur papier vélin, 111,5 x 233,1 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Dans le dessin à grande échelle Congélateur de Cape Dorset, créé pour une exposition tenue à la galerie d’art contemporain The Power Plant, à Toronto, Annie Pootoogook (1969-2016) exprime la nature changeante de la vie inuite et l’ironie du quotidien. Cette composition humoristique de clients du Nord devant un congélateur de supermarché représente un défi technique majeur en raison de son format et de son échelle, mais elle devient l’un des points forts de l’exposition. La critique d’art Sarah Milroy note « le plaisir et la satisfaction [que l’artiste] éprouve à communiquer son monde nordique sont palpables […] Pootoogook prête à ses représentations son tempérament honnête et sincère. Son imagerie très variée va de la description de l’alcoolisme, de la violence conjugale et des démons personnels, à la représentation du fleuron de la coopérative de Cape Dorset – un nouveau congélateur brillant – en passant par celle des plaisirs reposants de regarder des dessins animés à la télévision avec les enfants ou de fumer avec un proche ».

 

Annie Pootoogook, Bringing Home Food (Retour des courses), 2003-2004, crayon de couleur et crayon feutre sur mine de plomb sur papier, 50,8 x 57,8 cm, Collection McMichael d’art canadien, Kleinburg.

Dans le cadre d’un entretien mené chez elle, à Kinngait (anciennement Cape Dorset), au Nunavut, en 2006, Pootoogook, calme et confiante, se décrit comme « une artiste de troisième génération […]. Je dessine tous les jours […]. Pour moi, c’est un travail, mon travail ». Née à Kinngait, fille des artistes Napachie Pootoogook (1938-2002) et Eegyvudluk Pootoogook (1931-2000), sa grand-mère est la célèbre artiste Pitseolak Ashoona (v.1904-1983). Annie Pootoogook commence à dessiner en 1997, à la West Baffin Eskimo Co-operative (aujourd’hui les Ateliers Kinngait), documentant sa vie quotidienne dans des œuvres telles que Bringing Home Food (Retour des courses), 2003-2004. Annie Pootoogook produit plus de 1 000 œuvres sur papier, entre 2001 et 2007, et sa première exposition solo, à la Feheley Fine Arts de Toronto, en 2003, lui vaut une reconnaissance importante. En novembre 2006, elle remporte le prestigieux Prix Sobey pour les arts. Elle participe ensuite à la Biennale de Montréal de 2007 et, la même année, elle présente des œuvres à Art Basel et à documenta 12.

 

Pootoogook déménage à Ottawa à la fin de 2007 et ses œuvres ultérieures, comme Annie and Andre (Annie et Andre), 2009, représentent sa vie dans le Sud. La ville abrite une population inuite estimée à 1 800 personnes en 2006, la plus importante au Canada en dehors de l’Arctique. Les gens viennent y chercher des possibilités d’éducation ou un emploi, ainsi que des traitements médicaux. À partir des années 1960, un certain nombre d’artistes du Nord se rendent dans le Sud, car leurs œuvres commencent à être reconnues au Canada et aux États-Unis. Plusieurs, comme Henry Kudluk (né en 1965), Heather Campbell (née en 1973) et Barry Pottle (né en 1961), rejoignent le ministère fédéral des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada (RCAANC), tandis que d’autres, dont Adam Alorut (1980-2020), Silas Kayakjuak (né en 1956) et Alootook Ipellie (1951-2007), y viennent pour mieux promouvoir leur art.

 

À Ottawa, Pootoogook travaille avec d’autres artistes de la communauté inuite et expose ses œuvres à la Galerie SAW. Le conservateur, Jason St-Laurent, la décrit comme « un rayon de soleil, vraiment. C’était toujours intéressant quand elle arrivait […]. Quel que soit le niveau de stress des personnes présentes, tout à coup, l’ambiance changeait dans toute la galerie et tout le monde arrêtait de travailler et nous allions dehors avec elle. Elle était tout simplement l’une de ces personnes qui vous mettent à l’aise ». Sa mort dans des circonstances suspectes, en septembre 2016, démontre les dangers auxquels de nombreuses personnes inuites sont confrontées dans la vie urbaine. À plus grande échelle, sa vie et sa mort reflètent les problèmes sociétaux actuels quant à la façon dont la culture autochtone lutte pour survivre dans un monde postcolonial.

 

Annie Pootoogook, Annie and Andre (Annie et Andre), 2009, crayon de couleur et mine de plomb sur papier, 50,1 x 66,2 cm, Collection McMichael d’art canadien, Kleinburg.

 

 

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