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Pegi Nicol MacLeod

Pegi Nicol MacLeod

Pegi Nicol MacLeod, Portrait in the Evening (Portrait le soir), 1926
Huile sur contre-plaqué, 46 x 46,5 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Portrait le soir est une représentation informelle du directeur de la Galerie nationale (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada), Eric Brown; ce portrait est réalisé par Pegi Nicol, mieux connue sous le nom de son mari, Pegi Nicol MacLeod (1904-1949), et dont la « personnalité colorée » a été remarquée par le critique d’art Graham McInnes. Après une première rencontre avec Brown lors d’un voyage en train depuis Montréal, Nicol, à la nature enjouée, se lie d’amitié avec sa femme, Maud. Grâce aux Brown, Nicol rencontre des artistes d’Ottawa, de Toronto et de Montréal, ainsi que des personnalités influentes de la scène culturelle et sociale canadienne, dont Vincent Massey et sa femme, Alice Massey. Portrait le soir témoigne des expériences novatrices de Nicol en matière de modernisme et atteste de sa position unique dans les cercles artistiques d’Ottawa dans l’entre-deux-guerres.

 

Emily Carr, Totem Poles, Kitseukla (Mâts totémiques, Kitseukla), 1912, huile sur toile, 126,8 x 98,4 cm, Musée des beaux-arts de Vancouver.
Pegi Nicol MacLeod, Hazelton (Hazelton), 1928, huile sur contre-plaqué, 46,1 x 40,7 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

Née dans une petite ville de l’Ontario en 1904, Nicol vit à Ottawa de façon intermittente pendant une grande partie de sa vie. Ses parents s’y installent définitivement en 1919. Très tôt, Nicol fait preuve de talent artistique et d’un esprit bohème. Elle fréquente l’École des beaux-arts d’Ottawa sous la direction de Franklin Brownell (1857-1946), de 1921 à 1923, avant de poursuivre ses études à l’École des beaux-arts de Montréal, où elle côtoie Paul-Émile Borduas (1905-1960), Lillian Freiman (1908-1986), Goodridge Roberts (1904-1974), Anne Savage (1896-1971) et Marian Dale (Scott) (1906-1993).

 

Engagée par l’ethnologue Marius Barbeau pour documenter des scènes de la vie autochtone sur la côte Ouest, elle se rend en Colombie-Britannique en 1927 et 1928, où elle rencontre Emily Carr (1871-1945), dont l’œuvre exerce une influence sur la sienne; par exemple, la composition de Hazelton, 1928, de Nicol rappelle l’intérêt de Carr pour la représentation des villages des Premières Nations, comme dans Totem Poles, Kitseukla (Mâts totémiques, Kitseukla), 1912. Puis, en 1931, la peinture de Nicol intitulée The Log Run (Le flottage du bois), v.1930, reçoit le très prestigieux Prix Willingdon.

 

À la fin des années 1920, elle quitte Ottawa pour Montréal, et ensuite pour Toronto, où elle conçoit la présentation des vitrines de la T. Eaton Company sous la direction du designer René Cera. Ce poste a une influence considérable sur sa production artistique, comme en témoigne A Descent of Lilies (La descente de lis), 1935. Le même année, elle produit des illustrations et rédige des articles pour la publication Canadian Forum, dont elle devient la rédactrice artistique. Elle est également l’une des cofondatrices de la Picture Loan Society.

 

Pegi Nicol épouse Norman MacLeod en 1936, puis le couple s’installe à New York, où Pegi continue à peindre, créant de nombreuses études de sa fille Jane. Elle revient à Ottawa en 1938-1939 et, entre 1940 et 1948, elle et Norman se rendent dans la ville natale de ce dernier, Fredericton, où elle donne des cours d’été en art à l’Université du Nouveau-Brunswick. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est chargée de peindre des toiles documentant la Division féminine des Forces armées canadiennes et ses activités, au sein d’œuvres comme Salmon in the Galley (Saumon dans la coquerie), 1944.

 

Pegi Nicol MacLeod, A Descent of Lilies (La descente de lis), 1935, huile sur toile, 122 x 91,6 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.
Pegi Nicol MacLeod, Salmon in the Galley (Saumon dans la coquerie), 1944, huile sur toile, 76,2 x 91,7 cm, collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa.

 

Peu après sa mort prématurée en 1949, à l’âge de quarante-cinq ans, la Galerie nationale organise une rétrospective de l’œuvre de Nicol MacLeod, ce qui démontre le respect que lui portent les milieux contemporains pour sa carrière artistique. Autrefois considérée comme une artiste singulièrement progressiste et métropolitaine, ayant des liens avec les grands mondes de l’art au Canada et aux États-Unis, son héritage s’amenuise dans les décennies qui suivent sa mort. Victime des préjugés de l’histoire de l’art du Canada central, l’identité artistique de Pegi Nicol MacLeod a été reléguée à celle de peintre des Maritimes.

 

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