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Sarah Lavalley

Sarah Lavalley

Pakigino kabodawayan (veste de daim), 1969
Pakigan (peau de daim), perles, soie, fil et boutons, 68,6 x 43,4 cm

Cette veste en cuir de daim, fabriquée à partir de deux peaux de cerf et ornée de perles sur le devant et le dos, est l’œuvre de l’artiste anishinabeg Sarah Lavalley (1895-1991). Elle se forme aux techniques artistiques traditionnelles auprès de sa mère, Mary Ann Lamabe, et de sa belle-mère, Annie Michell, et devient reconnue pour ses compétences dans la fabrication de mocassins, de mitaines, de vestes et d’autres types de vêtements en peau qu’elle décore de perles, formant généralement des motifs floraux et géométriques, comme sur cette veste. À l’instar d’autres artistes autochtones, dont sa compatriote anishinabeg Catherine Makateinini (Michel) (1871-1916) de Kitigan Zibi, ou Mary McGregor-Ace (1900-1985), une Odawa de la Première Nation M’Chigeeng, Lavalley perpétue les pratiques culturelles qu’elle transmet au sein de sa communauté.

 

Sarah Airth ou Partridge (les deux noms sont utilisés par ses parents) naît au sein de la Première Nation Pikwàkanagàn, sur les rives du lac Golden, en Ontario, et grandit en ne parlant que l’anishinabeg. Elle apprend l’anglais à l’école de la réserve, qu’elle fréquente jusqu’en huitième année. Elle s’inscrit ensuite à l’école secondaire d’Eganville, située à proximité, mais abandonne l’école peu après, car les élèves blancs ridiculisent ses vêtements et lui lancent des épithètes humiliantes. Durant quelques années, elle offre des services d’aide à domicile à Eganville et à Ottawa, mais cesse ces activités lorsqu’un membre de la famille pour laquelle elle travaille contracte la tuberculose. Voulant devenir infirmière, elle fréquente une école catholique d’infirmières au New Jersey, pendant neuf mois, avant de retourner à Pikwàkanagàn. En 1916, elle épouse James Lavalley avec qui elle élève huit enfants.

 

Sarah Lavalley à Opeongo Lake, 1967, photographie de Joan Burant.
Matthew Bernard, vers les années 1950.

Au cours des années 1920, la subsistance de la famille est souvent assurée par les revenus générés par la chasse et le piégeage de son mari et de son beau-frère, mais les deux hommes sont victimes de harcèlement et d’arrestations pour braconnage. Par la suite, James devient agent de train pour le Canadien National, tandis que les compétences de Sarah en tant que sage-femme et infirmière, ainsi que l’aide qu’elle apporte aux prêtres catholiques locaux, rendent la famille moins dépendante des moyens de subsistance traditionnels. De plus, ses talents de cuisinière l’amènent à travailler dans des camps de chasse, en même temps que ses compétences artistiques lui permettent de développer un marché pour ses vêtements en peau, qu’elle vend dans la réserve de la Première Nation et dans la section annuelle d’artisanat d’art autochtone de l’Exposition nationale canadienne de Toronto dans les années 1960 et 1970. Elle réalise également des commandes pour des clients aux États-Unis et en Europe.

 

Le travail d’artistes autochtones comme Lavalley et son beau-frère Matthew Bernard (1876-1972) permet de perpétuer les arts anishinabeg malgré la longue période de négligence et d’oppression coloniale. Lavalley est finalement reconnue pour son œuvre lorsqu’elle est nommée à l’Ordre de l’Ontario, puis à l’Ordre du Canada. Elle meurt en janvier 1991.

 

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