En Télécharger le livre Tous les livres d’art Accueil

Ernest Fosbery

Ernest Fosbery

Ernest Fosbery, Ottawa, 21 mai 1914
Eau-forte sur papier vergé, 21,7 x 48,3 cm; plaque : 15,6 x 42,9 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

L’une des premières estampes d’un artiste canadien à être achetée par la Galerie nationale du Canada (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada) est la spectaculaire gravure Ottawa d’Ernest Fosbery (1874-1960). Cette vue emblématique montre la colline du Parlement et ses édifices, ainsi que des radeaux de bois sur la rivière et des bûcherons au premier plan. Le graveur exprime la dichotomie d’Ottawa : la capitale d’une nation transcontinentale, à l’architecture gothique flamboyante, et une ville ouvrière modeste, avec ses piles de bois, ses bicoques et ses barques. Grâce à cette puissante image, Fosbery se taille une réputation parmi les principaux artistes de la ville.

 

Si l’œuvre de Fosbery n’a jamais fait l’objet d’une étude complète, sa carrière de portraitiste, de graveur, d’artiste de guerre officiel, de professeur d’art et de militant, mérite pourtant que l’on s’y attarde. Né à Ottawa, il étudie la peinture à l’École d’art d’Ottawa, dans les années 1890, sous la direction de Franklin Brownell (1857-1946), avant de se rendre à Paris où il séjourne deux ans. De retour au Canada, en 1898, il apprend la gravure auprès de John W. H. Watts (1850-1917).

 

Ernest Fosbery, James Wilson, v.1930, huile sur toile, 86,3 x 66,3 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.
Ernest Fosbery, The Storm (L’orage), v.1918, mezzotinte et taille-douce sur papier vergé, 22,9 x 17,1 cm; plaque : 17,9 x 12,6 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

À la fin du dix-neuvième siècle, de nombreux artistes canadiens, dont Henry Sandham (1842-1910), C. W. Jefferys (1869-1951), Arthur Crisp (1881-1974) et Tom Thomson (1877-1917), s’établissent aux États-Unis en quête de nouvelles possibilités professionnelles. En 1899, Fosbery suit la même voie et s’installe d’abord à Boston, puis à Buffalo, travaillant surtout comme graphiste. En 1911, en quête d’un marché pour ses œuvres, il revient à Ottawa pour enseigner aux côtés de Brownell. Un an plus tard, il devient associé de l’Académie royale des arts du Canada (ARC) et, en 1914, ses gravures figurent parmi les premières œuvres achetées par Eric Brown pour la Galerie nationale.

 

Fosbery se porte volontaire pour servir lors de la Première Guerre mondiale et est blessé lors de la deuxième bataille de la Somme, en 1916. Pendant sa convalescence, il se lie d’amitié avec l’artiste montréalais A. Y. Jackson (1882-1974), selon lequel le Canadien d’origine Max Aitken, également connu sous le nom de Lord Beaverbrook, aurait mis sur pied un programme d’art de guerre sous l’influence de Fosbery. Les deux hommes sont devenus des artistes de guerre officiels dans le cadre du Fonds de souvenirs de guerre canadiens. Les gravures produites par Fosbery au cours de cette période, comme son morne paysage d’hiver The Storm (L’orage), v.1918, expriment bien l’humeur sombre d’un pays en guerre.

 

Après son retour au Canada, Fosbery se fait connaître comme portraitiste; son morceau de réception à l’ARC est un portrait du marchand d’art James Wilson. Dans le cadre de sa fonction de président de l’ARC, de 1943 à 1946, Fosbery devient président du Comité de reconstruction des arts en 1944, un organisme qui représente quinze organisations artistiques regroupées pour faire pression sur le gouvernement canadien afin que les arts soient inclus dans la planification de l’après-guerre. Cette organisation deviendra le Conseil canadien des arts en 1945-1946 et, ensuite, la Conférence canadienne des arts en 1958. Fosbery meurt à Cowansville, au Québec, mais on se souvient toujours de son travail dans sa ville natale, où il a passé une grande partie de sa vie.

 

 

Télécharger Télécharger