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Ce qu’ils ont donné 2006

Ce qu’ils ont donné, 2006

Gertrude Kearns, What They Gave (Ce qu’ils ont donné), 2006
Encre, acrylique et crayon de couleur sur carton 4 plis, 3 panneaux de 152 x 102 cm chacun
Collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa

Ce qu’ils ont donné de Gertrude Kearns (née en 1950) est une réponse personnelle de l’artiste aux événements traumatisants dont elle a été témoin en 2006 à Kandahar, en Afghanistan, à titre d’artiste intégrée à l’Armée canadienne. Un kamikaze avait fait exploser le véhicule transportant le diplomate canadien Glyn Berry, avec qui elle venait de prendre le petit-déjeuner. Berry avait été tué sur-le-champ, et trois soldats canadiens avaient été gravement blessés, l’un d’eux perdant une jambe. L’accès inédit de Kearns aux installations médicales dans lesquelles les blessés avaient été emmenés lui a inspiré un certain nombre d’œuvres, dont Ce qu’ils ont donné. Elle a peint cette toile à Toronto près de neuf mois après son retour d’un mandat de cinq mois en Afghanistan.

 

Gertrude Kearns, Science of War [Lieutenant-General Andrew Leslie] (Science de la guerre [lieutenant-général Andrew Leslie]), 2013, encre sur papier, 152 x 112 cm, collections diverses.
Bruce Stewart, Sergeant Nielson’s Leg (La jambe du Sergent Nielson), 2011, huile sur toile, 106,8 x 58,2 cm, collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa.

Décrivant l’exercice cathartique à l’origine de cette peinture dramatique, Kearns écrit : « J’ai fait de larges traits cette fois, exprimant pour la première fois depuis mon retour d’Afghanistan la tristesse et la fragilité des émotions que j’avais contenues depuis si longtemps au sujet de ce travail de guerre. » À la fin, il y avait de la peinture partout sur le mur – et pas seulement sur la toile. Kearns a totalement envahi l’espace de son atelier. La peinture de Bruce Stewart (né en 1956) Sergeant Nielson’s Leg (La jambe du Sergent Nielson), 2011, qui montre une jambe artificielle, résulte d’un geste beaucoup plus mesuré et, à bien des égards, l’œuvre est représentative de la prochaine étape dans la vie d’au moins un des blessés.

 

Kearns est aujourd’hui l’artiste de guerre la plus connue œuvrant au Canada. Comme ses prédécesseurs du vingtième siècle, Frederick Varley (1881-1969) avec For What? (Pour quoi?), 1918, Alex Colville (1920-2013) avec Bodies in a Grave, Belsen (Corps dans une fosse, Belsen), 1946, et Jack Nichols (1921-2009) avec Drowning Sailor (Noyade d’un marin), 1946, par exemple, elle peint le côté sombre des conflits. Bien qu’elle ait souvent travaillé en marge des programmes officiels, elle a passé tant d’années à proximité des militaires que certains mettent en doute son objectivité. Ce qu’ils ont donné, cependant, présente un contraste marqué avec nombre de ses portraits quasi-héroïques du personnel militaire – notamment Science of War (Science de la guerre), 2013.

 

Kearns s’est d’abord intéressée à la première guerre du Golfe en 1991. En 1995, elle a commencé une série de toiles abordant la torture et la mort de l’adolescent somalien Shidane Arone en 1993, qu’Allan Harding MacKay (né en 1944) a lui aussi représenté dans Error (Erreur), 1993, un collage en techniques mixtes où il traite de la réception initiale de cet événement au Canada. Elle a créé également des œuvres sur le génocide rwandais de 1994 et les guerres yougoslaves de 1991-2001. Ses expériences dans le cadre du Programme d’arts des Forces canadiennes (PAFC) au Canada en 2003-2005 ont précédé son travail d’artiste de guerre intégrée à Kandahar (2005-2006), puis à Kaboul, en Afghanistan. Entre 2006 et 2018, elle s’est penchée sur un projet de portrait portant principalement sur la nature du commandement et du service canadiens en Afghanistan, qui a été régulièrement exposé au Canada et aux États-Unis. Kearns est aujourd’hui l’artiste de guerre honoraire du Royal Canadian Military Institute.

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