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Les arrimeuses de parachutes 1947

Les arrimeuses de parachutes, 1947

Paraskeva Clark, Parachute Riggers (Les arrimeuses de parachutes), 1947
Huile sur toile, 101,8 x 81,4 cm
Collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa

Dans Les arrimeuses de parachutes – représentation spectaculaire de Paraskeva Clark (1898-1986) montrant des femmes qui plient et réparent des parachutes dans une usine près de la base aérienne de Trenton, en Ontario –, deux établis placés en diagonale, vus d’en haut, divisent la composition en trois bandes parallèles, lui conférant un grand dynamisme. Les mouvements de bras animés des cinq femmes créent un spectaculaire zigzag en surface. L’expression concentrée du visage de trois d’entre elles attire l’attention sur leurs gestes – tailler et plier les parachutes, et en fixer les suspentes. En comparaison, Parachute Well (Dépôt de parachutes), 1948, de l’artiste de guerre officiel Patrick Cowley-Brown (1918-2007), met l’accent sur les parachutes plutôt que sur l’empaquetage et la compétence de la femme qui l’exécute, réduisant cet aspect à un simple changement de ton dans le quart inférieur droit de la composition. Ce contraste montre que les artistes masculins et féminins ont une perception différente de travaux de guerre semblables.

 

Patrick Cowley-Brown, Parachute Well (Dépôt de parachutes), 1948, huile sur carton pour affiche, 61 x 45,7 cm, collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa.
Paraskeva Clark, Self-Portrait with Concert Program (Autoportrait au programme de concert), 1942, huile et papier (programme de concert) sur toile, 76,6 x 69,8 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

Avec ce tableau, Clark remplit la commande du Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) qui consistait à peindre trois images de femmes servant sur le front intérieur pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle met à profit sa formation marquée par le modernisme européen et son exposition à la photographie aérienne dans les magazines pour résoudre un problème auquel étaient confrontés de nombreux artistes de guerre : comment rendre les tâches routinières de la guerre intéressantes pour le public.

 

Clark naît en Russie, où elle étudie avec Kuzma Petrov-Vodkin (1878-1939), de qui elle retiendra la théorie de la « perspective sphérique ». Elle s’installe à Paris en 1923 et, en 1931, après son mariage, elle arrive au Canada. Au cours de la décennie suivante, elle peint plusieurs œuvres sur le thème la guerre : Presents from Madrid (Présents de Madrid), 1937, traite de la guerre civile espagnole; Self-Portrait with Concert Program (Autoportrait au programme de concert), 1942, où elle se représente avec le programme d’un concert de bienfaisance russe; et Pavlichenko and Her Comrades at the Toronto City Hall (Pavlichenko et ses camarades à l’hôtel de ville de Toronto), 1943, dans laquelle figure la tireuse d’élite soviétique Lyudmila Pavlichenko en visite au pays.

 

Forte de ces antécédents, Clark convoitait le titre d’artiste de guerre officielle, or celui-ci était réservé au personnel militaire en service. Molly Lamb Bobak (1920-2014), une ancienne sergente du Service féminin de l’Armée canadienne, s’est avérée l’unique femme artiste envoyée outre-mer. En 1944, constatant que le programme artistique officiel de la Seconde Guerre mondiale avait négligé les activités du front intérieur et, en particulier, celles des femmes dans l’armée, le Musée des beaux-arts du Canada a entrepris de commander des œuvres à un certain nombre d’artistes canadiennes, dont Clark et Pegi Nicol MacLeod (1904-1949), afin de réparer cette omission. Clark a salué cette occasion, écrivant au directeur du musée : « J’ai trouvé assez excitant le fait que, dans certaines activités, les femmes effectuaient les tâches auparavant accomplies par les hommes et libéraient (peut-être) ainsi certains hommes pour les tâches de combat ou pour les industries de guerre. »

 

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