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Mémorial national du Canada à Vimy 1921-1936

Mémorial national du Canada à Vimy, 1921-1936

Walter S. Allward, Mémorial national du Canada à Vimy, 1921-1936
Calcaire de Seget et béton
Parc Mémorial Canadien, Chemin des Canadiens, Vimy, France

Le Mémorial national du Canada à Vimy, conçu par Walter S. Allward (1876-1955) et achevé en 1936 pour commémorer la bataille de la crête de Vimy ayant eu lieu France en 1917, est une structure massive en béton et en pierre composée de deux pylônes qui s’élancent vers le ciel, représentant le Canada et la France, entourés de vingt figures allégoriques ou emblématiques, chargées d’une forte symbolique chrétienne. Surplombant le champ de bataille, la sculpture du Canada pleurant ses fils disparus fait clairement référence aux images traditionnelles de la Mater Dolorosa (la Vierge Marie en deuil), tandis que la figure étendue sur l’autel sous les deux pylônes évoque le sacrifice biblique d’Isaac commandé par Dieu à son père, Abraham. Ce récit de l’Ancien Testament était communément considéré comme une préfiguration de la crucifixion du Christ et, par conséquent, dans cette composition, il peut aussi être interprété comme évoquant la rédemption. Derrière Isaac se tient une figure masculine tenant une torche enflammée, en référence à un vers du célèbre poème In Flanders Fields (1915) du poète soldat John McCrae.

 

Walter S. Allward, Mémorial national du Canada à Vimy [détail, la figure masculine en deuil], 1921-1936, calcaire de Seget et béton, Parc Mémorial Canadien, Chemin des Canadiens, Vimy, France.
Michel-Ange, Tombeau de Julien de Médicis, 1520-1534, marbre, Nouvelle Sacristie (chapelles des Médicis), San Lorenzo, Florence.

Les figures au sommet des pylônes incarnent les vertus universelles que sont la charité, la foi, l’honneur, l’espoir, la justice, la connaissance, la paix et la vérité. La Vérité et la Connaissance ont des ailes d’anges – un attribut habituellement associé à la figure de la Victoire, bien que celle-ci soit absente de ce monument de deuil. Le lien traditionnel entre l’art et le mémorial se trouve à l’arrière, dans les deux figures endeuillées en position allongée qui sont inspirées des statues des chapelles des Médicis à Florence (1520-1534) conçues par Michel-Ange (1475-1564). Dix-sept des modèles en plâtre de ces figures, dont la Paix, 1925-1930, font partie de la collection du Musée canadien de la guerre.

 

En 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale, la Commission impériale des sépultures militaires concède au Canada huit sites de bataille – trois en France et cinq en Belgique – où construire ses monuments. Trois ans plus tard, la Commission des monuments des champs de bataille nationaux choisit le projet d’Allward pour la crête de Vimy. La Commission commande d’autres monuments pour les sept autres sites. Le Mémorial canadien à Saint-Julien, Le soldat en méditation, 1923, de Frederick Clemesha (1876-1958), est érigé à l’endroit où s’est déroulée la deuxième bataille d’Ypres, en 1915.

 

Les Canadiens et les Canadiennes considèrent le Mémorial de Vimy comme un lieu sacré à la mémoire de tous ceux qui ont été tués à la guerre et en lequel s’est forgé le sentiment d’appartenance à la nation canadienne. Quelque temps après l’acceptation de son projet, Allward accepte de graver sur les murs du monument les noms des 11 285 soldats canadiens privés de sépulture officielle en France (les noms de ceux morts dans les Flandres sont gravés sur les murs de la Porte de Menin à Ypres, en Belgique). On inaugure le monument en 1936, un événement dépeint dans Unveiling Vimy Ridge Monument (Dévoilement du Monument commémoratif du Canada à Vimy), 1937, par le correspondant de guerre, illustrateur et peintre français Georges Scott (1873-1943).

 

Georges Bertin Scott, Unveiling Vimy Ridge Monument (Dévoilement du Monument commémoratif du Canada à Vimy), 1937, huile sur toile, 250 x 179,5 cm, collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa.
Lawren S. Harris, North Shore, Lake Superior (Rive nord, lac Supérieur), 1926, huile sur toile, 102,2 x 128,3 cm, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.

 

Le Mémorial national du Canada à Vimy, le premier monument commémoratif d’importance attribué à un artiste canadien, marque le sommet de la carrière d’Allward. Celui-ci crée sans doute le monument en s’inspirant des images d’arbres excoriés sur les champs de bataille réalisées par ses amis artistes Frederick Varley (1881-1969) et A. Y. Jackson (1882-1974). Tous étaient membres du Toronto Arts and Letters Club, et leur art de guerre avait été exposé à l’Exposition nationale canadienne de Toronto en 1919 et 1920. Jackson a d’ailleurs fait l’éloge du dessin d’Allward dans une lettre de 1922. North Shore, Lake Superior (Rive nord, lac Supérieur), 1926, de Lawren S. Harris (1885-1970), par sa ressemblance avec le mémorial, témoigne de la profonde résonance de cette imagerie nationaliste en évolution.

 

 

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