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Noyade d’un marin 1946

Noyade d’un marin, 1946

Jack Nichols, Drowning Sailor (Noyade d’un marin), 1946
Huile sur toile, 76,2 x 61 cm
Collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa

Jack Nichols (1921-2009) voit un homme se noyer alors qu’il est à bord du NCSM Iroquois pendant la tentative d’évacuation de Brest, en France, par les Allemands en août 1944. L’image se grave dans sa mémoire, et il achève Noyade d’un marin à Ottawa plus d’un an après, en 1946. Dans cette peinture, un marin allemand terrifié s’agrippe vainement à l’eau alors qu’il est entraîné dans ses profondeurs. Ses yeux sont exorbités, sa bouche s’ouvre en un cri et son visage se convulse de terreur. Le marin qui se noie pourrait être tout un chacun, car il exprime une émotion universelle : la peur face à la mort. Décrivant cette peinture en 1998, Nichols commente : « Quand vous vous noyez, vous perdez votre nationalité, n’est-ce pas? »

 

Harold Beament, Burial at Sea (Ensevelissement en mer), 1944, huile sur toile, 60,5 x 76 cm, collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa.

La plupart des actions navales se déroulent dans une obscurité presque totale, avec pour seule source d’éclairage la lueur des explosions, des étoiles ou de la lune. Si Nichols a pu voir quelque chose du sujet de Noyade d’un marin, c’est grâce au mazout provenant d’un navire allemand en perdition flottant à la surface de l’eau. Le mazout a réfléchi le peu de lumière présente et a illuminé l’agonie du marin. Tous ceux qui mouraient en mer finissaient à l’eau. Le tableau Burial at Sea (Ensevelissement en mer), 1944, d’Harold Beament (1898-1984), par exemple, représente la sépulture en mer d’un marin marchand mort après que son navire ait été torpillé et qui a donc été envoyé dans les profondeurs avec les honneurs et le respect appropriés.

 

Très peu de peintures de la Seconde Guerre mondiale traitent de la mort, une réalité pourtant omniprésente pour presque toutes les personnes impliquées dans la guerre. La mort en mer était redoutée, surtout si elle était lente. De même, peu d’artistes de guerre ont créé des scènes de nuit, et les dessins et les peintures de Nichols sont uniques dans les archives de guerre canadiennes en raison de la palette sombre qui caractérise ses sujets nocturnes.

 

L’expérience de Nichols en tant que matelot de pont sur un cargo des Grands Lacs lui vaut une commande du Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) en 1943 pour représenter les activités de la marine marchande canadienne. En février 1944, il s’enrôle comme sous-lieutenant dans la Réserve des volontaires de la Marine royale canadienne, puis on le nomme artiste de guerre officiel du Canada en avril 1944 avec le grade de lieutenant. Nichols est présent lors des débarquements du jour J en Normandie en juin 1944, et il dessinera ensuite sur un certain nombre de navires de guerre avant d’être libéré de la marine en octobre 1946.

 

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