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Tranchée 2017

Tranchée, 2017

Adrian Stimson, Trench (Tranchée), 2017
Performance interdisciplinaire de cinq jours
Collection de l’artiste

Tranchée commémore les quelque 4 000 soldats autochtones qui ont servi pendant la Première Guerre mondiale. Cette performance artistique d’Adrian Stimson (né en 1964) s’est déroulée sur un terrain situé près de la maison familiale de l’artiste au sein de la nation Siksika (Pieds-Noirs), à une heure de route à l’est de Calgary. Travaillant de l’aube au crépuscule durant cinq jours (du 23 au 27 mai), Stimson a creusé une tranchée de six pieds de profondeur. S’inspirant des manuels de la Première Guerre mondiale, il a décidé d’une tranchée en forme de U, laquelle constitue aussi le symbole de guerre des Niitsitapi (Pieds-Noirs), puis il a étayé sa tranchée avec deux cent cinquante sacs de sable. La forme en U apparaît sur la Peau représentant des exploits de guerre, s.d., du soldat kainai (Gens-du-Sang) Miistatosomitai (Michael Mountain Horse) actif lors de la Première Guerre mondiale. Le vêtement, conçu par Eskimarwotome (Ambrose Two Chiefs) (v.1891-1968), documente les incidents majeurs que Miistatosomitai a vécus pendant la guerre, notamment ses nombreuses rencontres mortelles avec les forces adverses, dans un récit pictographique noir sur une peau de vache.

 

Eskimarwotome (Ambrose Two Chiefs), The “Great War” Deeds of Miistatosomitai [Mike Mountain Horse] [1888–1964] (Les exploits de la
« Grande Guerre » de Miistatosomitai [Michael Mountain Horse]
[1888-1964]), s.d., peinture sur cuir, 122 x 108 x 4,5 cm, Esplanade Arts & Heritage Centre Museum, Medicine Hat.
Adrian Stimson, Trench (Tranchée), 2017, performance interdisciplinaire de cinq jours, collection de l’artiste.

La performance de Stimson fait référence aux pratiques culturelles des Niitsitapi, qui soumettent le corps à des épreuves afin de favoriser la guérison. Il espérait que ses efforts attireraient l’attention sur le caractère incomplet de l’histoire autochtone de la Première Guerre mondiale et rendraient cette dernière entière et digne d’être honorée.

 

Stimson a participé au Programme d’arts des Forces canadiennes (PAFC), engagé comme soldat à la base d’opérations avancées Masum Ghar et à Kandahar, en Afghanistan, en 2010. Son art de performance explore le thème de la construction de l’identité, en particulier l’hybridation des figures de l’« Indien », du cow-boy, du chaman et de son être bispirituel (troisième genre), Buffalo Boy.

 

Parmi les œuvres de guerre canadiennes, rares sont celles de performance : aussi Tranchée se démarque-t-elle par son unicité. Néanmoins, force est de constater que Stimson partageait les objectifs de l’artiste britannique Jeremy Deller (né en 1966) : briser les barrières entre le passé et le présent. Deller a commémoré de manière mémorable le jour d’ouverture de la bataille de la Somme de 1916 avec une œuvre de performance intitulée we’re here because we’re here (nous sommes ici parce que nous sommes ici) – les paroles d’une chanson de soldat de la Première Guerre mondiale. Le 1er juillet 2016, Deller a dirigé quelque 1 600 volontaires, tous des hommes revêtus de répliques d’uniformes de l’armée britannique de la Première Guerre mondiale, qui ont performé en petits groupes dans des gares, des centres commerciaux et d’autres lieux, où chacun d’eux représentait un soldat mort le premier jour de la bataille. Lorsque le public les abordait, ceux-ci ne parlaient pas mais distribuaient des cartons portant le nom, l’âge et le régiment de la personne qu’ils incarnaient.

 

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