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Lest We Forget 1934

Lest We Forget, 1934

Frank Badgley, Lest We Forget, 1934
Documentaire, 1 h 42 min
Bureau de cinématographie du gouvernement canadien, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa

Lest We Forget constitue le premier long métrage documentaire sonore sur le thème de la guerre produit au Canada. Réalisé par Frank Badgley (1893-1954), chef du Bureau de cinématographie du gouvernement canadien (fondé en 1918, aujourd’hui l’Office national du film du Canada), et W. W. Murray (1891-1956), ancien soldat décoré de la Première Guerre mondiale et journaliste, il devait initialement être diffusé à l’occasion du vingtième anniversaire du début de la Première Guerre mondiale, mais sa sortie a été retardée de quatre mois. Construit à partir de séquences de films officiels, Lest We Forget raconte l’histoire de la guerre en 102 minutes. La plupart des films disponibles ayant été tournés derrière les lignes, les scènes d’action y sont rares. L’attitude du public canadien vis-à-vis de la guerre dans les années 1930, imprégnée d’une idéologie antiguerre bien opposée au chauvinisme des deux décennies précédentes, compte également parmi les difficultés que rencontre la production. Aussi les plans qui s’attardent sur les cadavres sont-ils coupés au montage.

 

Paul Cummins Ceramics Limited en collaboration avec Historic Royal Palaces, Blood Swept Lands and Seas of Red (Terres inondées de sang et mers de rouge), 2014, 888 246 coquelicots en céramique faits à la main, 12,5 cm chacun. Les coquelicots et le concept original ont été imaginés par l’artiste Paul Cummins et l’installation a été conçue par Tom Piper. Mention de source : Richard Lea Hair et Historic Royal Palaces.

La première du film a lieu le 7 mars 1935, en pleine dépression et alors que la possibilité d’un nouveau conflit avec l’Allemagne se profile. Il suscite immédiatement la controverse, peut-être en raison du contexte sociopolitique entourant sa sortie. « Les mécènes des soldats canadiens morts ont une occasion spéciale, dans des sièges confortables, de voir la splendeur de l’abattoir humain », tonne l’Ottawa Citizen. L’infirmière Margaret Curry, qui écrit dans le Citizen, y voit une représentation unidimensionnelle de la guerre, notant l’absence de « la puanteur de la gangrène », « les pitoyables épaves des obus » et « les terribles souffles rauques ». En revanche, le Ottawa Journal décrit le film comme un « effort pour dépeindre la futilité tragique de la guerre et pour faire comprendre, par le biais du sens visible, la stupidité et la folie des conflits armés. » Malgré les nombreuses critiques, certains téléspectateurs ont apprécié le documentaire. Lest We Forget est diffusé pendant un an dans les cinémas canadiens et rapporte 34 000 $. Les images utilisées dans ce film sont encore aujourd’hui des incontournables des films et documentaires de guerre canadiens.

 

Le souvenir occupe une place prépondérante dans l’art de guerre canadien. Des centaines de monuments commémoratifs sont disséminés à travers le pays, et on instaure le premier programme officiel d’art de guerre afin de fournir du contenu à une galerie d’art commémoratif de guerre sise à Ottawa. Naissent également les rituels traditionnels du jour du Souvenir et d’autres anniversaires pour rappeler à la population canadienne le sacrifice de la guerre. In Flanders Fields (1915), du poète canadien John McCrae, érige en un symbole visuel immensément puissant à l’échelle internationale le coquelicot rouge, qui véhicule tristesse et soutien. En Angleterre, par exemple, on estime que cinq millions de personnes ont visité Blood Swept Lands and Seas of Red (Terres inondées de sang et mers de rouge), l’installation de coquelicots en céramique représentant les morts britanniques et alliés à la Tour de Londres en 2014. Et tout comme Lest We Forget, si l’installation a reçu des éloges, elle a aussi essuyé des critiques. Après son démantèlement, les coquelicots individuels ont été mis en vente.

 

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