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Ceinture wampum à deux rangs 1613

Ceinture wampum à deux rangs

Ceinture wampum à deux rangs, 1613 (reproduction de Jacob Ezra Thomas, 1993) Imitation de coquille et de tendon en plastique
Woodland Cultural Centre, Brantford

Le Teioháte Kaswenta (ceinture wampum à deux rangs) de 1613 représente le premier support visuel mnémonique d’un accord conclu sans document écrit entre les Européens et les peuples autochtones, plus précisément les Hollandais et les Haudenosaunee, sur l’île de la Tortue, qui englobe le Canada. Considéré comme un traité vivant, le Teioháte Kaswenta se compose de deux rangées de grains violets : l’une symbolise un navire avec à son bord les dirigeants, la religion et le gouvernement européens, alors que l’autre représente un canot transportant les dirigeants, le gouvernement et la culture autochtones. Les deux parties à l’accord naviguent côte à côte, sans que leur route ne se croise, leurs trajectoires parallèles exprimant l’autonomie et le respect mutuel des droits de chacun. Les trois rangées de perles blanches incarnent quant à elles la paix, l’amitié et la perpétuité.

 

Mary Anne Barkhouse, Dark Water, Safe Harbour (Eaux sombres, havre de paix), 2018, argent, bois de peltogyne, collection de l’artiste. 

À l’origine, le travail laborieux de la création de perles de wampum à partir de coquillages incombait aux femmes. Or, l’introduction des outils de métal européens a révolutionné la production de ces perles et, celles-ci étant employées comme monnaie d’échange entre les nations, leur utilisation se répandra lorsque les colons en reconnaîtront la valeur effective. Les wampums attestent ainsi d’autres traités importants, notamment le wampum du plat à une cuillère de 1701, qui représente l’accord entre les peuples haudenosaunee et anishinaabe. Les chercheurs pensent que cette forme de droit autochtone serait née il y a près de mille ans.

 

Le Teioháte Kaswenta original n’existe plus que dans la mémoire et à travers des reproductions, mais la philosophie sous-jacente à sa création continue d’influencer les relations entre Autochtones et colons, et d’inspirer l’art canadien. La petite sculpture en argent de Mary Anne Barkhouse (née en 1961), Dark Water, Safe Harbour (Eaux sombres, havre de paix), 2018, par exemple, montre deux canots en argent reflétant respectivement les modèles autochtones de l’est du Canada et de la côte du Nord-Ouest : ils flottent en parallèle tandis que des castors en argent soutiennent la base de la sculpture. Par ailleurs, la disposition des éléments évoque la ceinture wampum à deux rangs en plus de rappeler le travail continu des sculptrices qui documentent l’évolution du paysage canadien. Eaux sombres, havre de paix fait partie d’une installation de quinze pièces intitulée Illuminations, laquelle met en lumière les contributions des Canadiennes à l’histoire culturelle du pays. Membre de la bande Nimpkish de la Première nation Kwakiutl, Mary Anne Barkhouse pratique principalement la sculpture et l’orfèvrerie. Son travail est exposé au Canada et aux États-Unis, et ses œuvres figurent dans de nombreuses collections publiques et privées au Canada.

 

 

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