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Vue du fort La Galette, poste indien 1760

Vue du fort La Galette, poste indien, et de la prise d'un vaisseau de guerre français sur le Saint-Laurent, par quatre bateaux d'un canon chacun, sous les ordres du capitaine Streachy de la Royal Artillery

Thomas Davies, A View of Fort La Galette, Indian Castle, and Taking a French Ship of War on the River St. Lawrence, by Four Boats of One Gun Each of the Royal Artillery Commanded by Captain Streachy (Vue du fort La Galette, poste indien, et de la prise d’un vaisseau de guerre français sur le Saint-Laurent, par quatre bateaux d’un canon chacun, sous les ordres du capitaine Streachy de la Royal Artillery), 1760
Aquarelle sur mine de plomb sur papier vergé, 38,3 x 58,9 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Thomas Davies (1737-1812), officier de l’artillerie royale britannique, peint Vue du fort La Galette, poste indien, et de la prise d’un vaisseau de guerre français sur le Saint-Laurent, par quatre bateaux d’un canon chacun, sous les ordres du capitaine Streachy de la Royal Artillery après la bataille des Mille-Îles, un épisode de la guerre de Sept ans ayant eu lieu en amont du fleuve Saint-Laurent en août 1760. Lors de cet affrontement, une petite troupe française, qui résistait et retardait l’avancée des forces britanniques vers Montréal, est vaincue par un contingent britannique plus important. Comme en témoigne le titre de l’aquarelle, l’œuvre contient quantité d’informations documentaires, non seulement sur le fort, mais aussi sur le combat livré sur le fleuve et sur les vêtements portés par les observateurs autochtones.

 

L’ancien fort d’Ogdensburg, situé dans ce qui correspond aujourd’hui à l’État de New York, était connu sous le nom de La Galette à l’époque où une mission religieuse française l’occupait. En 1755, une population de 3 000 Haudenosaunee y vivait, ce qui explique la présence des deux figures autochtones au premier plan de la composition ainsi que celle d’autres membres autochtones et du canot à l’arrière-plan. Les tournesols, sur la gauche, représentent une culture de base à l’époque pour les peuples autochtones. Dans l’attaque représentée ici, la fumée des canons masquent deux des quatre galères britanniques responsables de la capture, en eaux calmes, de la corvette française L’Outaouaise.

 

Nun-da’-wä-o-no’ (Seneca) mocassins, s.d., peau de mammifère, piquant de porc-épic, soie de ver à soie, verre, coton et tendon de mammifère, Musée canadien de l’histoire, Gatineau.

Davies, l’un des premiers artistes topographes de l’armée britannique, assiste à cet événement et commande l’une des galères. Il avait commencé son service militaire à la Royal Military Academy de Woolwich, en Angleterre, où il avait reçu une formation en dessin topographique. La photographie n’ayant pas encore été inventée, les autorités militaires s’appuyaient sur des dessins précis et exacts des forts et du terrain pour les aider à mener la guerre. Afin d’arrondir leurs maigres revenus à leur retour en Angleterre, certains officiers militaires tirent parti du marché de la reproduction, alors en plein essor, en faisant le nécessaire pour que leurs esquisses les plus évocatrices soient transposées en gravures destinées à la vente. D’autres peignent des expériences spécifiques pour des officiers supérieurs en espérant obtenir une promotion, ce qui pourrait être le cas de Davies pour cette toile, nonobstant qu’il ait mal orthographié le nom de son commandant, le capitaine Samuel Strachey.

 

Quels que soient à l’époque les objectifs de Davies, celui-ci exécute néanmoins son travail avec minutie. Un élément d’importance dans l’image tient dans les mocassins portés par les deux figures Haudenosaunee au premier plan. Pouvoir courir rapidement et en toute sécurité le long des sentiers forestiers s’impose comme un impératif pour les Haudenosaunee qui parcourent leur territoire – lequel correspond aujourd’hui à l’État de New York et au sud-ouest de l’Ontario – pour transmettre des messages de guerre et de paix. Des mocassins bien faits s’avèrent indispensables, et ceux ainsi confectionnés arborent généralement des symboles traditionnels et cosmologiques. Les mocassins représentés dans le tableau de Davies sont de fabrication nunda’wäono’ (Seneca); on ignore toutefois la période exacte à laquelle ils appartiennent. Comme elles comportent de la soie et des perles, ces deux paires datent vraisemblablement du dix-neuvième siècle, mais la structure de base et les décorations demeurent fidèles aux versions antérieures faites de peau de mammifère et de babiche, et ornées de piquants de porc-épic. À l’époque où l’on fabriquait ces mocassins, la communauté nunda’wäono’ vivait près de ce qui est aujourd’hui Rochester, dans l’État de New York, à deux cents kilomètres d’Ogdensburg.

 

 

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