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Aéroport international de Kandahar 2009

Aéroport international de Kandahar, 2009

Althea Thauberger, Kandahar International Airport (Aéroport international de Kandahar), 2009
Épreuve chromogène numérique, dimensions variables
Susan Hobbs Gallery, Toronto

Les douze soldates dans Aéroport international de Kandahar posent ensemble sur le terrain de cette icône architecturale moderniste afghane des années 1960. La plupart sourient et rient en courant sur le tarmac, équipées d’armes qui leur ont été attribuées et qu’elles doivent porter en situation de niveau de danger moyen. Comparée à Dead Troops Talk [A Vision after an Ambush of a Red Army Patrol, near Moqor, Afghanistan, Winter 1986] (Les troupes mortes parlent [Une vision après l’embuscade d’une patrouille de l’Armée rouge, près de Moqor, Afghanistan, hiver 1986]), 1992, de Jeff Wall (né en 1946), ou à Miss Chief’s Wet Dream (Le rêve érotique de Miss Chief), 2018, de Kent Monkman (né en 1965), cette photographie fait appel à un jeu d’acteur et à une mise en scène limités.

 

Le paradoxe entre le rôle du site dans la guerre et les apparences joyeuses des protagonistes interpelle le spectateur. Les soldates portant des armes dans une zone dangereuse doivent-elles être aussi heureuses et insouciantes? Avec cette photographie, Althea Thauberger (née en 1970) brise résolument la tradition de l’art de guerre historique et sa vision de la guerre – une affaire sérieuse, déprimante, et souvent tragique et amère. Comme l’artiste travaille en collaboration avec ses sujets, nous pouvons supposer qu’elle n’impose pas sa vision de ce que devrait être une zone de conflit, pas plus qu’elle ne nous dit comment regarder sa photographie. Elle en laisse le soin à chacun d’entre nous.

 

Althea Thauberger, The Art of Seeing Without Being Seen (L’art de voir sans être vu), 2008, murale photographique, 548,6 x 439,4 cm, Susan Hobbs Gallery, Toronto.

Mais est-ce vraiment le cas? Décrivant ses impressions après son arrivée à Kandahar dans le cadre du Programme d’arts des Forces canadiennes (PAFC), elle note : « Je n’ai pas vu grand-chose, mais c’était très surréaliste, un sentiment d’apocalypse. Poussière, véhicules, tentes, routes de fortune, odeur accablante d’égouts […] Je savais avant de partir que je m’intéressais surtout aux femmes en uniforme qui étaient déployées en Afghanistan. C’est la première fois que des Canadiennes sont déployées en si grand nombre, d’autant plus que c’est la première opération de combat active du Canada depuis la guerre de Corée. »

 

Aéroport international de Kandahar n’est pas la première œuvre d’art militaire de Thauberger. En 2005, elle a été invitée à réaliser une œuvre d’art public pour inSite, une biennale d’œuvres collaboratives in situ qui s’est déroulée dans la région frontalière de San Diego-Tijuana aux États-Unis. Elle a réalisé Murphy Canyon Choir (Chœur de Murphy Canyon), une création qui impliquait une collaboration avec les épouses de soldats en service actif dans l’un des plus grands complexes d’habitation militaire au monde. En 2008, elle a créé une fresque photographique où figurent des membres du British Columbia Regiment (Duke of Connaught’s Own), un régiment de réserve de Vancouver, reproduisant un exercice d’entraînement aux explosifs près de Chilliwack, en Colombie-Britannique, dans une station d’entraînement censée ressembler à un village afghan. Le titre de la murale, The Art of Seeing Without Being Seen (L’art de voir sans être vu), provient d’une accroche décrivant la reconnaissance militaire – la spécialité du régiment en question.

 

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