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Richard Harrington (1911, Hambourg, Allemagne – 2005, Toronto, Ontario)

Richard Harrington | La photographie au Canada, 1839-1989

Padluk with one of her four children at Pipkaknak’s camp southwest of Padlei, N.W.T. (Padluk avec un de ses quatre enfants au camp de Pipkaknak au sud-ouest de Padlei, T.N.-O.), vers février 1950, épreuve à la gélatine argentique, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa

Le photographe Richard Harrington (1911-2005) est surtout connu pour son travail dans l’Arctique canadien, notamment pour la série prise dans l’ancienne communauté de Padlei, dans la région de Kivalliq, au Nunavut, dont Padluk with one of her four children at Pipkaknak’s camp southwest of Padlei, N.W.T. (Padluk avec un de ses quatre enfants au camp de Pipkaknak au sud-ouest de Padlei, T.N.-O.) est l’une de ses photographies les plus célèbres. Cette image poignante d’une mère et d’un enfant inuit nez à nez est l’une des trois images de Padlei que le conservateur du MoMA, Edward Steichen (1879-1973), a choisies pour son exposition itinérante emblématique, The Family of Man/La grande famille des hommes, 1955. La carrière d’Harrington se poursuit dans le monde entier, mais ses photos d’Inuit·es sont celles qui attirent le plus d’attention.

 

Richard Harrington, Helen Konek, v.1949-1950, photographie, négatif noir et blanc, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa.
Richard Harrington, Helen Konek, v.1949-1950, photographie, négatif noir et blanc, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa.

Harrington quitte l’Allemagne pour Toronto alors qu’il est encore adolescent. Il travaille comme technicien en radiologie avant de se tourner vers la photographie indépendante pour réaliser des missions qui suivent des Canadiens et Canadiennes à l’étranger et partout au pays. En 1950, il est en mission pour le magazine LIFE lorsqu’il apprend que la communauté de Padlei meurt de faim depuis qu’un changement dans la migration des caribous la prive de sa principale source de nourriture. Deux ans plus tard, Harrington publie un récit illustré de ses voyages en Arctique dans différentes communautés. Pour bien faire connaître la situation qu’il a observée, il photographie ses sujets de près pour révéler leur faim et leur souffrance. La publication fait l’objet d’une critique élogieuse dans le New York Times; cependant, les photographies ont vraisemblablement plus de succès en tant qu’images esthétiques et affectives qu’en tant qu’outils politiques.

 

Harrington reçoit l’Ordre du Canada pour son travail en 2001, l’année même où ses photographies du Nord trouvent une nouvelle vie dans le cadre d’une initiative de Bibliothèque et Archives Canada intitulée Un visage, un nom. Le projet est lancé avec 500 photographies d’Harrington prises dans les communautés d’Igloolik (Iglulik), de Kugluktuk (anciennement Coppermine), de Taloyoak (anciennement Spence Bay) et de Padlei. Grâce à la numérisation des photographies, des jeunes et des sages de la communauté inuite ont pu observer les images et ont réussi à identifier les trois quarts des sujets d’Harrington.

 

En 2019, le journaliste inuit Jordan Konek publie la photographie d’Harrington représentant la grand-mère de Konek à l’âge de dix-sept ans, descendant les escaliers abrupts de l’igloo familial près d’Arviat. L’image dramatiquement rétroéclairée devient rapidement virale, suscitant une série d’articles et d’entrevues. Comme Paul Seesequasis l’avait fait avec son projet d’archives photographiques à partir de 2017, Konek voulait partager des images historiques qui témoignent de la force, de la joie et de la présence historique du peuple inuit. Bien que la grand-mère de Konek ait été heureuse que l’image ait trouvé un écho, elle s’est aussi souvenue de l’attitude d’Harrington : « [il] me suivait partout où j’allais… partout où j’allais, il était juste là » à prendre des photos.

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