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Thomas Henry (Michel) Lambeth (1923-1977, Toronto, Ontario)

Thomas Henry (Michel) Lambeth | La photographie au Canada, 1839-1989

Royal Ontario Museum, Toronto (Musée royal de l’Ontario, Toronto), 1957
Épreuve à la gélatine argentique, 33,7 x 25,6 cm
Musée des beaux-arts de l’Ontario, Toronto

Michel Lambeth (1923-1977) est surtout connu pour ses photographies prises dans les rues et les espaces communautaires de Toronto, qui composent un portrait personnel de la ville, ouvrant à des points de vue et des liens inattendus. Dans Royal Ontario Museum, Toronto (Musée royal de l’Ontario, Toronto), Lambeth saisit, en plan très rapproché, l’image d’un totem massif exposé dans une cage d’escalier du musée pour souligner le contraste d’échelle entre ce point de repère familier de la ville et trois visiteurs.

 

Après avoir servi pendant la Seconde Guerre mondiale, Lambeth reste en Europe pour étudier l’art à Londres puis à Paris, où il change son prénom, Thomas Henry, pour Michel. Il revient à Toronto en 1952 et travaille comme employé de bureau à la mairie conjointement à ses activités d’écrivain, d’artiste, de photographe, qui parcourt la ville avec son Leica, et de cinéaste expérimental. Son intérêt pour la photographie en tant qu’art et forme d’expression personnelle oriente sa carrière. En 1959, il quitte son emploi à la mairie pour travailler comme photojournaliste et s’investir davantage dans les causes sociales et le militantisme. Ses photographies du quartier pauvre de Saint-Nil, au Québec, rejetées par le Star Weekly en 1964 parce que jugées trop critiques et sinistres, sont plus tard acquises et diffusées par l’Office national du film.

 

À partir de 1960 environ, Lambeth réalise des portraits saisissants des artistes associés à l’influente Isaacs Gallery de Toronto – son portrait de Michael Snow (1928-2023) en 1960 en est un des premiers exemples – et en 1965, Avrom Isaacs lui organise une exposition solo, ce qui constitue une rare occasion pour un photographe d’art moderniste canadien. À l’époque, Lambeth s’inquiète de l’impérialisme culturel américain et il se bat pour articuler et protéger ce qu’il considère comme un contexte culturel canadien spécifique en menant des protestations dans des institutions canadiennes, en refusant des invitations à exposer ses œuvres aux États-Unis et en travaillant avec le groupe Canadian Artists’ Representation.

 

En 1967, Lambeth publie une sélection de photographies grinçantes du Toronto des années 1910 sous le titre Made in Canada (Fabriqué au Canada), un ensemble qui a d’abord été exposé au centre d’artistes autogéré Mind and Sight. Sans le savoir à l’époque, les photographies qu’il rassemble ont été réalisées par Arthur Goss (1881-1940), photographe officiel de la ville de Toronto. Lambeth estime que le travail de Goss témoigne du fait que le Canada compte des pionniers et pionnières en photographie documentaire sociale, à l’instar des photographes des États-Unis Jacob Riis (1849-1914) et Lewis Hine (1874-1940), plutôt attentifs aux « conditions de travail, à la santé, au logement, à l’éducation, à l’hygiène, aux enfants ». Dans ces photographies historiques de Toronto, Lambeth puise son inspiration pour le travail qu’il cherche à réaliser des décennies plus tard.

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