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BGL (en activité de 1996 à 2021)

BGL

BGL, Canadassimo, 2015

Installation, bois récupéré, acrylique, divers objets et matériaux, boîtes de conserve

Dimensions variables
Collection de M. Bellemare

 

L’image ci-dessus montre une vue d’installation de Canadassimo dans le pavillon du Canada à la 56e Biennale de Venise.

En février 2015, trois conteneurs remplis de milliers d’objets sont chargés sur un cargo dans le Port de Québec en direction de Venise, en Italie. Ces matériaux sont destinés au pavillon du Canada de la 56e Biennale de Venise, la plus prestigieuse foire internationale d’art contemporain, où ils seront assemblés pour composer l’installation Canadassimo de BGL. Beau retour de l’histoire s’il en est un : après des siècles de mouvements inverses, Québec rend le change en exportant dans « l’Ancien Monde », au cœur de l’Europe catholique, des artefacts allégoriques créés de toutes pièces à partir d’objets recyclés dans l’atelier du collectif BGL, situé dans la Basse-Ville de Québec. À Venise, Canadassimo transforme pour quelques mois le pavillon du Canada en dépanneur de coin de rue des années 1970, en immense machine à sous sonore et en atelier de peinture accueillant des centaines de pots dégoulinants de matières colorées. Reflet du consumérisme déifié par la civilisation nord-américaine, le projet colossal attirera l’attention de la planète art contemporain sur le collectif québécois.

 

BGL, Poêle à bois, 1997, bois récupéré et marqueterie, 236 x 368 x 249 cm (ensemble), Musée national des beaux-arts du Québec, Québec.

L’aventure de Jasmin Bilodeau (né en 1973), originaire de Lac-Mégantic, de Sébastien Giguère (né en 1972), d’Arthabaska (aujourd’hui Victoriaville), et de Nicolas Laverdière (né en 1972), de Québec, commence à l’École d’art visuel de l’Université Laval à Québec où les condisciples se sont associés, en 1996, sous le nom de BGL, formé des premières lettres de leurs patronymes. « L’un songeur, l’autre espiègle et le troisième plutôt cool californien », disait d’eux leur professeur en sculpture, David Naylor, ajoutant que l’authenticité du trio l’emportait sur l’individualité des membres. Les premières expositions du collectif aux centres d’artistes autogérés de Québec L’Œil de Poisson (Peine débuté, le chantier fut encore, 1997) et La chambre blanche (Perdu dans la nature, 1998) révèlent le ton ironique et mordant qu’ils allaient privilégier dans leur pratique.

 

Leurs installations grandeur nature sont exécutées avec du bois récupéré : Poêle à bois, 1997, la Mercedes de Perdu dans la nature (La voiture) et la piscine hors terre de Perdu dans la nature (La piscine), toutes deux de 1998, convoquent étonnements, sourires et réflexions. Ces pures fantaisies de l’esprit, ingénieusement fabriquées, sont composées de matériaux pauvres, recyclés ou usinés. « Nous ne sommes pas de grands techniciens, reconnaît Laverdière, mais notre maladresse donne une certaine poésie à notre travail ». BGL fait de l’art populaire, dans la lignée du pop art, mais infuse à ses créations une dose de critique sur le gaspillage et la surconsommation de nos sociétés et en fondant leur travail sur des principes de recyclage et de récupération.

 

Le Musée du Québec (aujourd’hui le Musée national des beaux-arts du Québec) s’empresse d’honorer le travail du collectif québécois en faisant l’acquisition, en 2000 et en 2003, des premières installations de bois de 1998, Perdu dans la nature (La voiture) et Perdu dans la nature (La piscine). D’autres musées comme le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée des beaux-arts de Montréal et le Musée d’art contemporain de Montréal ne tarderont pas à lui emboîter le pas. Plusieurs moments phares jalonnent la carrière des artistes de BGL, notamment leur nomination au Prix Sobey pour les arts en 2006 et leur participation à plusieurs biennales, dont Manif d’art – La biennale de Québec (en 2001, 2005 et 2017) et à des expositions décisives, dont Oh Canada (au MASS MoCA en 2012) et la Biennale de Venise en 2015.

 

Considérant qu’il était parvenu à la fin d’un cycle après vingt-cinq ans de production intense – une centaine d’expositions et un rayonnement international – le collectif décide en 2021 de cesser ses activités face à la dure réalité financière de l’artiste : « On vivote, à presque 50 ans. » Chacun poursuivra sa route créative individuellement. Le Centre des arts de la Confédération à Charlottetown couronne leur travail en présentant, à l’été et à l’automne 2021, l’exposition BGL: Two Thumbs Up Arts and Crafts (BGL : louanges pour les arts et l’artisanat).

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