Paul Béliveau (né en 1954)

Membre fondateur des centres d’artistes autogérés La chambre blanche, l’Atelier de réalisations graphiques et la coopérative d’artistes la Maison longue, où il tient son atelier depuis 1994, Paul Béliveau salue l’histoire de la vie culturelle de Québec avec une œuvre d’art public, urbaine, intitulée Les vents déferlants.

Béliveau est né à Québec où il mène des études collégiale et universitaire de 1972 à 1977, pendant que le photoréalisme bat son plein sur les scènes américaine et européenne de l’art. Après la grande déferlante de l’abstraction des années 1950 et 1960, la figuration reprend ses droits. Au Canada, les peintres figuratifs canadiens Alex Colville (1920-2013), Jean Paul Lemieux (1904-1990) et les adeptes du pop art comme Edmund Alleyn (1931-2004) occupent le devant de la scène. L’étudiant à l’École d’art de l’Université Laval se distingue par une habileté à reproduire les objets du réel avec une précision saisissante. L’exposition de la suite 23 investigations sur un objet usuel – autant de dessins d’un sac de papier se transformant selon les objets qu’il contient –, lance sa carrière publique en 1978. De suites en séries, son œuvre évolue en multipliant les emprunts et les citations à d’autres artistes, contemporains ou anciens qui s’entrechoquent dans les grands tableaux peints de Béliveau. En 1999, l’artiste devient membre de l’Académie royale des arts du Canada.

Pour réaliser les œuvres de la série Vanitas, 2002-2024, la plus célèbre de ses séries et la plus étendue dans le temps, Béliveau puise sur le Web les images d’une bibliothèque virtuelle intarissable, qu’il recompose sur ses toiles et estampes en révélant des sections de rayonnage qui engagent une conversation sur les temps forts de la culture occidentale. Dans la sérigraphie Vanitas I, 2011, dans la peinture acrylique Vanitas 19-04-20, 2019, et dans les autres pièces de la série, des livres savants jouxtent des monographies d’artistes, des catalogues d’exposition, des romans, etc., que l’artiste fait dialoguer tout en recréant de toute pièce l’apparence neuve ou vieillie des ouvrages.

Dans un autre registre, Béliveau érige six hauts fûts surmontés de girouettes et gréés de voiles sur l’une des artères les plus fréquentées de la ville, l’avenue Honoré-Mercier. L’œuvre d’art public Les vents déferlants fait allusion aux vaisseaux de Jacques Cartier accostant en 1535 devant la bourgade de Stadaconé (l’actuelle Québec) appelée à devenir, sous les régimes coloniaux, une des plus grandes cités portuaires de l’Amérique septentrionale. Quant aux girouettes aux faîtes des mâts, elles prennent la forme de clochers; elles sont dorées comme des objets sacrés, témoignant de l’omniprésence de l’Église et de son rayonnement à partir de la capitale, jadis centre du pouvoir catholique français en Nouvelle-France.