Jean-Baptiste Roy-Audy (1778-v.1846)

Jean-Baptiste Roy-Audy, Le docteur François-Olivier Boucher, v.1826-1831
Huile sur toile, 65,8 x 55,7 cm
Musée national des beaux-arts du Québec, Québec
Jean-Baptiste Roy-Audy a déjà mené une carrière de carrossier et d’ébéniste avant de se déclarer peintre en 1809. Sa principale contribution à la peinture à Québec, mais aussi plus largement dans la province, tient dans sa pratique du portrait : les représentations du Docteur François-Olivier Boucher et de Madame François-Olivier Boucher, née Marie-Luce Deligny, qu’il compose entre 1826 et 1831, sont exemplaires de la production tout en finesse de cet artiste à la vocation tardive, né au sein d’une famille d’artisans du bois. C’est dans la boutique de son père que l’adolescent accomplit son apprentissage, puis il reçoit quelques leçons de dessin offertes par un ami de la famille qui a étudié à Paris, François Baillairgé (1759-1830).


Le talent de Roy-Audy s’est développé par l’étude des tableaux des abbés Desjardins, arrivés dans la colonie en deux temps (1817 et 1820). Ces œuvres, qui allaient constituer le fonds Desjardins, fournissent des modèles aux copistes et permettent aux artistes de se faire la main, en l’absence d’écoles d’art et de musées. Roy-Audy parfait ainsi son style raffiné avant de s’engager dans une production de tableaux religieux qui orneront les églises du Bas-Canada. Ce corpus comprend des copies d’œuvres d’artistes français, telles que Le baptême du Christ, 1821, d’après Noël Hallé (1711-1781), ou encore Sainte Marie-Madeleine ou La Madeleine en pleurs, 1819, d’après Anicet Charles Gabriel Lemonnier (1743-1824). Roy-Audy gagne toutefois l’attention d’une importante clientèle laïque par le portrait.
Sa peinture délicate et précise donne à penser aux portraits colorés d’Ammi Philips (1788-1865), représentant de l’art populaire américain, et à la peinture réaliste et exubérante du Français Isidore Péan du Pavillon (1790-1856), élève du maître néoclassique Jacques-Louis-David (1748-1825). Les portraits du couple Boucher témoignent de la virtuosité de l’artiste dans la transcription des détails vestimentaires, des parures et des coiffures de ses modèles, ainsi que de son talent à rendre la vivacité de leurs regards. La peinture de Roy-Audy est le miroir de la société bourgeoise de son temps qui aspire à voir son image perpétuée, quelques années avant que la photographie ne décuple ses prétentions à la représentation.
Les œuvres de Roy-Audy sont conservées au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), ainsi que dans plusieurs autres musées de la province et au-delà; plus d’une cinquantaine de ses portraits se retrouvent dans les collections publiques et privées. Son art suscite l’intérêt de la recherche : le conservateur de l’art ancien au MNBAQ, Daniel Drouin, prépare une exposition sur le peintre attendue au musée en 2027.