Gerome Fassio (1789-1851)

Gerome Fassio, Giovanni Domenico Balzaretti, v.1835-1840
Aquarelle sur ivoire, 6,9 x 5,6 cm
Musée national des beaux-arts du Québec, Québec

Gerome Fassio, Madame Giovanni Domenico Balzaretti, née Madeleine Romain, v.1835-1840
Aquarelle sur ivoire, 6,5 x 5,5 cm
Musée national des beaux-arts du Québec, Québec
L’Italien Gerome Fassio s’établit à Québec en 1835, après un bref passage à Montréal. Praticien du portrait en miniature, Fassio préfère à Montréal la capitale du Bas-Canada pour sa clientèle distinguée et la faible concurrence professionnelle dans l’art de la miniature. Fassio aura été prolifique, bien qu’une infime portion de son travail nous soit parvenue. Les portraits en buste du marchand d’art italien Giovanni Domenico Balzaretti et de son épouse, datés entre 1835 et 1840, qui ont hébergé l’artiste peu après son arrivée à Québec, figurent parmi les témoignages les plus remarquables du raffinement dont l’artiste faisait preuve.
Si l’art de la miniature paraît incongru aujourd’hui, il était très prisé à l’époque antérieure à la photographie, alors que des centaines d’artistes itinérants parcouraient les villes nord-américaines pour satisfaire une clientèle éprise de ces précieux et minuscules objets. « La miniature a des avantages incontestables », peut-on lire dans Le Journal de Québec du 6 novembre 1845 : « Quand on a un parent, un ami, loin de soi, ne sent-on pas le besoin de lui faire parvenir sa ressemblance, celle de son époux, de son épouse de son enfant, etc., surtout quand le prix en est à la portée de tout le monde. »


Fassio est passé maître dans la réalisation de ces délicats portraits composés avec un pinceau très fin et souple en poil de putois. La loupe est requise pour apprécier ce travail extrêmement habile et minutieux fait d’une infinité de petits points colorés, une trame visible notamment dans les arrière-plans peints de tons sobres. Les portraits sont peints sur papier, carton ou ivoire, à l’aquarelle, à la gouache ou à l’huile, avec pour mandat de remplir la promesse faite au client d’une ressemblance parfaite.
La virtuosité du miniaturiste se révèle dans la composition dans son ensemble et dans le détail des visages, des coiffures et des vêtements, comme on peut le voir dans la coiffe en dentelle de madame Balzaretti et le col en lavallière élégamment noué de la chemise de son époux, ornée d’ailleurs d’une miniature en broche. Rappelons qu’à l’époque, on porte ces effigies en bijoux, en broche et en pendentif; plus communément, on les encadre et on les accroche au mur ou on les dépose sur une table.
Le talent et la polyvalence de Fassio, qui enseigne aussi le dessin au Séminaire de Québec de 1839 à 1840 et offre des leçons privées de peinture et de dessin, lui permettent de vivre de son art et de faire carrière à Québec, auprès d’une clientèle nombreuse. Cependant, le premier studio canadien de daguerréotypie à s’établir dans la capitale, en 1850, change la donne. Le miniaturiste ne peut faire face au tsunami concurrentiel de la photographie qui rend le portrait en miniature obsolète. C’est dans ce contexte que l’artiste rend l’âme le 1er janvier 1851, à Bytown (aujourd’hui Ottawa), où il venait tout juste de s’installer.