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Pierre-Noël Levasseur (1690-1770)

Pierre-Noël Levasseur

Pierre-Noël Levasseur, Retable principal, 1726-1736
Chapelle des Ursulines, Pôle culturel du monastère des Ursulines, Québec

Considéré comme le plus grand ornemaniste et statuaire de son temps en Nouvelle-France, Pierre-Noël Levasseur pratique la sculpture religieuse et navale pendant une soixantaine d’années, en plus d’exercer le métier d’arpenteur. Il est issu d’une lignée de menuisiers venus de Paris et aguerris au métier de la sculpture dans le contexte de l’efflorescence des églises dans le diocèse de Québec au cours du dix-huitième siècle. Le sculpteur est le plus prestigieux de la dynastie des Levasseur; trois de ses quinze enfants poursuivront son œuvre. À Québec, son chef-d’œuvre est sans conteste le décor intérieur de la chapelle des Ursulines composé entre 1726 et 1736, et en particulier le vaste retable principal, une pièce exceptionnelle et peu altérée encore accessible aujourd’hui.

 

Pierre-Noël Levasseur, Saint Jean Baptiste, socle de la première colonne de droite, première moitié du dix-huitième siècle, bois, enduit, peinture, dorure, 95 x 43 x 3,6 cm, chapelle des Ursulines, Pôle culturel du monastère des Ursulines, Québec.
Pierre-Noël Levasseur, Ange à la trompette, v.1726, bois polychromé, 96 cm (hauteur), chapelle des Ursulines, Pôle culturel du monastère des Ursulines, Québec.

La sculpture ornementale que conçoit Levasseur pour cet ouvrage est savante et habile, inspirée du classicisme français : le vocabulaire solennel et triomphal se révèle dans le retable avec son amplitude architecturale et ses colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens surmontés d’un fronton cintré, mais on remarque aussi un emportement baroque, notamment dans le mouvement et le foisonnement décoratif de l’ensemble. Les religieuses ursulines, qui sont passées maîtres dans l’art de la dorure et de la peinture de statues, réalisent l’application de la feuille d’or du retable et peignent la carnation des statues de 1736 à 1739, afin que l’ensemble soit terminé pour les célébrations du centenaire de l’arrivée de la communauté à Québec, en 1739.

 

Levasseur n’a pas reçu de formation en Europe, contrairement à son devancier Jacques Leblond de Latour (1671-1715) et à son successeur François Baillairgé (1759-1830), deux noms associés à la richesse et au raffinement des églises de l’Amérique française. Il apprend son métier dans l’atelier de son père et développe sa pratique en s’inspirant des divers modèles qu’il peut observer. Le prestige de son travail tient, d’une part, à l’ornementation qu’il conçoit en puisant dans le répertoire classique français et, d’autre part, au caractère dynamique et équilibré de ses sculptures en ronde bosse et de ses reliefs.

 

À Québec, un des joyaux de sculpture en ronde bosse du dix-huitième siècle est de sa main : l’Ange à la trompette, v. 1726, qui s’élève sur le cul-de-lampe de la chaire dans la chapelle des Ursulines. Le sculpteur réussit une prouesse en présentant la figure céleste du Jugement dernier debout sur la pointe de son pied gauche et saisie dans le vif de son élan. Les ouvrages de Levasseur montrent une grande maîtrise technique et une rare finesse dans l’exécution, ce qui lui vaudra d’autres contrats de décoration religieuse dans les paroisses environnantes de Québec.

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