En Télécharger le livre Tous les livres d’art Accueil

Diane Landry (née en 1958)

Diane Landry

Diane Landry, École d’aviation, 2000
Installation avec parapluies automatisés, harmonicas, moteurs, acier, carton, éclairage halogène, contrôleur MIDI, ordinateur, 24 objets : 30 x 100 cm (largeurs variables), 100 x 220 cm (hauteurs variables), 800 x 800 cm (projection au plafond)

Cameron Art Museum, Wilmington

 

L’extrait vidéo ci-dessus présente École d’aviation installée dans l’exposition hi-tech / lo-tech aux Wood Street Galleries, Pittsburgh, 2004.

Née à Cap-de-la-Madeleine, à mi-chemin entre Québec et Montréal, Diane Landry étudie dans la capitale québécoise qui deviendra sa ville d’adoption. Au cœur de ses recherches artistiques logent le temps et le mouvement, et sa pratique englobe la sculpture mobile, la performance et l’installation de machines sonores automatisées. École d’aviation en est un exemple consacré avec ses vingt-quatre parapluies qui s’ouvrent et se ferment comme une lente respiration en produisant des sons et des projections. Que Landry mette en scène son propre corps dans ses performances, ou qu’elle utilise des objets recyclés qu’elle aura travestis dans ses installations – ouvre-boîtes, tourne-disques, parapluies, bouteilles d’eau, ustensiles en plastique, fers à repasser, machines à laver, etc. – ses propositions complexes et systématiques explorent un univers poétique qui se nourrit de mouvements automatisés, de sonorités musicales, et de projections d’ombres et de lumières.

 

Diane Landry, Chevalier de la résignation infinie, 2009, installation sonore avec roues de vélo automatisées, bouteilles d’eau en plastique, sable, LED, acier, moteurs à poulies, courroies synchrones, roulements à billes, 12 roues, 3,1 x 6 x 4,5 m environ, collection de l’artiste.
Œuvre commandée par L’Œil de Poisson et réalisée dans le cadre d’une résidence d’artiste financée par le Conseil des arts du Canada.
Diane Landry, Mandala Naya, de la série Le déclin bleu, 2002, bouteilles et panier à lessive en plastique, trépied, moteur, aluminium, bois et éclairage halogène, 100 x 100 x 50 cm (dispositif); 800 x 400 cm (projection), Musée national des beaux-arts du Québec, Québec.

À vingt-cinq ans, la jeune femme abandonne son métier en recherche agricole pour entreprendre des études en arts visuels à l’Université Laval de 1983 à 1987. Elle est alors fascinée par Roue de bicyclette, 1913-1964, le premier ready-made cinétique de Marcel Duchamp (1887-1968) qu’elle découvre dans un magazine d’art. Diane Landry est à la même époque confrontée à la magistrale installation de Rober Racine (né en 1956), Le terrain du dictionnaire A/Z, 1980, qui réunit 55 000 mots du dictionnaire français Petit Robert, découpés à la lame et montés sur des bâtonnets couvrant une surface blanche de 670 pieds carrés. Ces influences fondatrices stimulent ses créations ludiques, aux effets surprenants, fondées sur le mouvement. Les créations de Landry se déploient dans le temps, il faut en faire l’expérience; elles placent le spectateur dans un état de désorientation grisante.

 

L’artiste intègre la roue de bicyclette à son installation Chevalier de la résignation infinie, créée en 2009 pour le centre d’artistes autogéré L’Œil de Poisson à Québec. Elle met en scène 12 roues sur lesquelles sont fixées 237 bouteilles d’eau en rotation perpétuelle comme les heures de l’horloge et les mois de l’année, formant les sabliers du temps. Dans le registre de la performance, Brise-glace, 2013, d’une durée de 120 minutes, la présente ramant éperdument, sans avancer, dans un canot suspendu au plafond, sur une mer houleuse de plastique. Landry dénonce nos sociétés consommatrices, notre mauvaise gestion des ressources naturelles et notre surutilisation de matières artificielles, qui causent des dommages irréversibles à la faune aquatique et aux sols agricoles. La vulgaire bouteille d’eau en plastique est un matériau qu’elle emploie jusqu’en 2023 pour créer des installations aux effets poétiques de lumière et de mouvement, qui évoquent les rosaces des cathédrales et les mandalas, mais aussi la surabondance de l’ère moderne.

 

Landry complète une maîtrise en arts plastiques à l’Université Stanford, en Californie, en 2006, et jouit depuis lors d’une reconnaissance autant nationale qu’internationale. En 2007, elle est la lauréate inaugurale du prix de Giverny Capital, décerné à un·e artiste en arts visuels du Québec dont le travail n’est pas suffisamment reconnu par le milieu. Son œuvre Chevalier de la résignation infinie a été présentée en 2012-2013 dans l’exposition Oh, Canada organisée par le MASS MoCA et montrée, depuis, dans plusieurs villes au Canada et aux États-Unis, en France, en Belgique et à Beijing en Chine. En 2014, elle obtient la bourse de carrière Jean-Paul-Riopelle du Conseil des arts et des lettres du Québec. L’année suivante, elle est récipiendaire d’une bourse de la prestigieuse John Simon Guggenheim Memorial Foundation à New York.

Télécharger Télécharger