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Ludovic Boney (né en 1981)

Ludovic Boney

Ludovic Boney, Les arches d’entente, 2020
Aluminium, 830 x 350 x 150 cm

Musée de la Civilisation, Québec

De descendance wendat, Ludovic Boney est un artiste d’art public reconnu particulièrement pour ses œuvres réalisées dans l’espace de la ville, dont il tire sa principale inspiration. Dès le début de sa carrière, l’artiste indépendant établit sa réputation dans le domaine : « J’ai fait plus d’art public que d’expos. Ce qui est à l’inverse de la plupart des artistes. Ça m’a toujours intéressé de faire des œuvres monumentales et dans l’espace public pour les gens de tous les jours. Créer des surprises ».

 

En 2020, Boney conçoit Les arches d’entente pour le Musée de la civilisation, une œuvre de réconciliation déployée dans le hall de l’institution qui affirme l’alliance et le respect de longue date unissant la capitale et la Nation wendat. L’œuvre marque la présence autochtone au sein de murs de l’institution, voire au-delà, sur le territoire du Nionwentsïo depuis plus de 400 ans. La forme des arches convoque celle des maisons longues wendat, lieu de vie et de communauté dans les cultures de la famille linguistique iroquoienne, et témoigne de la recherche de Boney pour adapter son art aux caractéristiques architecturales de l’environnement.

 

Au terme de sa formation à la Maison des métiers d’art de Québec, où il enseigne aujourd’hui, le sculpteur cofonde à Québec, en 2002, le Bloc 5, un atelier et une coopérative d’artisans producteurs en arts visuels qui l’appuiera dans plusieurs contrats. Les projets de Boney sont ambitieux, l’artiste puisant les matériaux de ses volumineuses et robustes sculptures dans l’univers industriel de l’acier, de l’aluminium et du bois. Il procède par accumulation et juxtaposition de pleins et de vides pour créer des structures à l’équilibre en apparence précaire.

 

Une cosmologie sans genèse, 2015, est un bel exemple de la puissance poétique qui se dégage du travail de Boney : trois mâts de quinze mètres de hauteur, une sphère en suspension atteignant près de neuf mètres de diamètre et un poids total de vingt-trois tonnes qui repose sur le sol, au-dessous duquel sont situées les réserves du Musée national des beaux-arts du Québec. Les forces structurantes de la sculpture sont animées par le cercle et le cône, formes qui se multiplient à l’intérieur de la sphère. Ces formes rejoignent la pensée circulaire des Premières Nations et le tripode du tipi, habitat traditionnel des peuples nomades, en plus d’évoquer les tours de télécommunication. Cette pièce a été créée pour le musée dans le cadre de la politique gouvernementale d’intégration des arts aux bâtiments et lieux publics (politique du 1 %).

 

Vue d’installation de l’exposition Ludovic Boney : Mémoires ennoyées à la galerie Pierre-François Ouellette Art Contemporain, Montréal, 2022.
Ludovic Boney, Mémoires ennoyées 2, 2021, photographies, impression au jet d’encre, 76,2 x 134,6 cm, multiples collections.

Inspiré par les effets qu’opère sur lui l’espace à investir, Boney y laisse son empreinte. Le territoire se révèle autrement, enrichi d’une nouvelle sensibilité. Récemment, Boney s’est intéressé à un territoire auquel le regard de l’homme n’a plus accès. En 1969, treize ans après l’implantation du barrage Daniel-Johnson, sur la Côte-Nord du Québec, les paysages forestiers du territoire ancestral de Pessamit ont été engloutis. À l’aide d’un échosondeur, l’artiste en a capté des images souterraines : « Les arbres sont admirablement préservés, raconte-t-il, […] se tenant debout, avec la tête des grandes épinettes noires bercées par les courants, comme elles le feraient sous le vent. » Réunies sous le titre Mémoires ennoyées, 2022, ces troublantes et magnifiques photographies font l’objet de la première exposition solo de l’artiste au Musée Huron-Wendat de Wendake, en 2022.

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